C’est dans un contexte de crise économique que le Mali va célébrer la Tabaski ou l’Aïd el Kebir. Les moutons n’ont jamais été aussi chers. À Bamako, dans la capitale maliennes, des clients usent de certaines astuces face à la poussée des prix du mouton.
La fête de l’Aïd el Kebir, qui est prévue pour le 31 juillet, occupe l’esprit de tous les chefs de famille préoccupés par l’achat du bélier à sacrifier. Il faut débourser dans les 100.000 francs CFA pour avoir un bélier digne de ce nom, plus que le salaire moyen au Mali.
Il est vrai qu’à l’accoutumée, les prix grimpent à l’approche de la Tabaski. Mais cette année est plus dure : « Ils nous vendent des agneaux au prix des béliers », déplore Boureïma Dolo, enseignant au lycée.
Flambée des prix
Plusieurs facteurs expliquent cette flambée des prix. Pour la fête, les bêtes viennent pour la plupart des régions du Nord et du Niger. L’axe Bamako-Gao étant en proie à l’insécurité, la logistique pose problème. Ousmane Maïga, marchand venu d’Ansongo, témoigne : « En venant à Bamako, nous avons vu une remorque contenant une centaine de béliers se faire attaquer et toutes les bêtes ont été enlevées. Il faut que les clients comprennent que ce risque a un prix », déclare-t-il. Il ajoute qu’il leur a aussi fallu deux semaines pour rejoindre la capitale.
Au problème de logistique, selon M. Maïga, s’ajoutent les lourdes charges d’entretien liées à l’alimentation qu’il faut prendre en compte.
La revente sur place est devenue tout aussi un business à cette veille de fête et sans doute le facteur décisif de la flambée des prix. Ousmane Attaher, marchand de bétail venu d’Ansongo aussi, qualifie cet acte de parasitisme et déplore le manque de régulation du marché par les autorités compétentes : « Près de la moitié des vendeurs achètent leur bétail et le revendent sur place en rajoutant sans scrupule leur marge et souvent nous demandent d’aligner les prix aux dépens des clients. Ils offrent même des pots de vin à ceux qui refusent. Il existe tout un réseau de revente », regrette-t-il.
La présence des coxeurs est aussi à signaler dans les places de vente. Ceux-ci essaient de jouer les acheteurs les plus avisés.
Comment tirer son épingle du jeu
Ce que nous conseille Ousmane Attaher, c’est d’avoir une idée globale des prix du marché en négociant par-ci, par-là avant de passer à l’achat pour ne pas se faire avoir par les coxeurs. Une autre astuce serait de s’unir pour acheter, car il y a toujours une remise pour les ventes en gros.
El Hadji Tall, maitre coranique, nous livre son secret : « J’attends toujours le dernier jour pour payer mon bélier, car les prix chutent généralement ». Mais cette dernière astuce peut avoir l’effet inverse en cas de pénurie. C’est donc un plan intéressant qui représente aussi un risque.