La contestation du M5-RFP, qui réclame la démission du Président Ibrahim Boubacar Keïta, ne faiblit pas. Une autre marche est prévue ce vendredi 19 juin, Place de l’Indépendance, en plein cœur de Bamako, la capitale du Mali.
Le M5-RFP maintient sa manifestation de ce vendredi 19 juin, tout comme son ultimatum adressé au président IBK : la démission. Mahmoud Dicko, l’une des figures les plus audibles du mouvement, l’a réaffirmé au cours d’un point de presse, le mercredi 17 juin 2020 à Bamako.
Le charismatique leader a fait d’abord observer une minute de prière à l’assemblée en hommage aux 24 éléments des forces armées et de sécurité du Mali tués, le week-end dernier, à Bouki-Wéré (Diabaly), dans la région de Ségou. « Ils sont morts pour défendre notre dignité », ajoute l’imam de Badalabougou, principale figure de la contestation du pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita dont il a soutenu l’élection en 2013. Avant de lui retirer son soutien lors des élections présidentielles de juillet-août 2018.
Pour le parrain de la CMAS (Coordination des mouvements, associations et sympathisants), devenu le nouveau visage de l’opposition politique au Mali , « le président Ibrahim Boubacar Keita n’a pas compris le message que le peuple lui a lancé le vendredi 5 juin dernier. » En effet, le 5 juin dernier, à l’appel de Mahmoud Dicko et de nombre de figures politiques et de la société civile, des centaines de milliers de personnes ont envahi la Place de l’Indépendance et ses alentours pour réclamer la « démission » du chef de l’État malien, la dissolution de l’Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle.
« Ma main reste tendue »
En réponse à cette gigantesque manifestation, le président Ibrahim Boubacar Keita a fait une adresse à la nation le 14 juin 2020. « Ma main reste tendue », a-t-il annoncé pour réaffirmer son ouverture au dialogue. Mais pour Mouhamadou Dicko, le président Keïta doit plutôt « ouvrir son cœur et écouter son peuple ».
Des tractations sont en cours depuis plusieurs jours pour ramener les protagonistes à la table de négociation. La rencontre entre le mouvement de contestation réuni désormais au sein du M5-RFP (Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques) et Ensemble pour le Mali (EPM), qui regroupe les partis de la majorité présidentielle, a été un échec. La « solution politique » de sortie de crise préconisée par la majorité présidentielle a été catégoriquement rejetée.
D’autres tentatives de médiations locales, notamment celle de l’ancien président Moussa Traoré, ont connu un sort identique. La communauté internationale a également engagé des pourparlers entre le mouvement de contestation et le président de la République Ibrahim Boubacar Keita. Mais jusque-là, c’est peine perdue. Une mission de la CEDEAO est attendue à Bamako, ce jeudi 18 juin 2020. Pour les acteurs politiques qui gravitent autour de l’imam Mahmoud Dicko, la seule chose à négocier est « l’après IBK ».
« Le monde nous verra »
Du côté du pourvoir, des annonces ont été faites pour répondre à certaines doléances sur lesquelles les acteurs du M5-RFP fondent leur combat. Notamment la satisfaction des doléances des « syndicats des enseignants signataires du 15 octobre ». Contrairement à ses alliés politiques, Mahmoud Dicko se dit ouvert au dialogue. « Nous recevrons tout le monde, mais rien ne nous empêchera de sortir le vendredi prochain », précise–il tout de même devant un public complément acquis à sa cause. « Et nous sortirons d’une façon extraordinaire et le monde nous verra », galvanise le fin stratège imam. Pendant que son auditoire scande à tout rompre : « Dicko ! Dicko ! Dicko ! »
Lors de la dernière manifestation, à la fin, certains manifestants s’étaient dirigés vers la résidence du président Kéïta, pour disaient-ils, le « forcer à démissionner ». Ce qui avait occasionné des scènes de violence entre les forces de l’ordre et les manifestants.
C’est bien