Les PME/PMI attendent beaucoup de l’État, qui semble traîner et peine à couvrir leurs besoins. Au Mali, la pandémie du Covid-19 rend beaucoup de chefs d’entreprise très sceptiques quant à l’avenir de leur business.
Le gouvernement malien a pris beaucoup de décisions dans le cadre de la lutte contre la pandémie du Covid-19, y compris à destination des PME/PMI. Les mesures successives ont contribué à une réduction de l’activité qui inquiète les acteurs économiques. Dans sa dernière adresse à la nation, le Président Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé des mesures d’aide pour soutenir l’économie malienne.
Le président Keïta a insisté sur la dotation à hauteur de 20 milliards de francs CFA du Fonds de garantie pour le secteur privé (FGSP). Ensuite, des remises d’impôts au cas par cas et secteur par secteur des entreprises privées impactées par les mesures de lutte contre le Covid-19 ont été annoncées. Il a aussi promis la restructuration des crédits de toutes les entreprises sinistrées suite à cette pandémie.
Mais, en essayant d’y voir un peu plus clair, les petites et moyennes entreprises ne semblent pas y trouver leur compte. «Je suis sûr que les mesures annoncées par le chef de l’’État concerne plus les grandes entreprises que nous», estime d’emblée Amadou T., un jeune entrepreneur qui évolue dans le secteur de la communication. L’ensemble des secteurs d’activité semblent touché : l’hôtellerie, la restauration, les transports, les startups…
Dans un récent rapport publié début avril, l’agence de notation Bloomfield Intelligence estimait que la situation des PME/PMI dans la zone UEMOA s’aggravait en raison de la concentration de l’activité économique dans les capitales, où sont enregistrés les principaux cas de contamination au Covid-19. « À cela s’ajoutent les difficultés intrinsèques déjà existantes des PME/ PMI (persistance des problèmes de financement, accès limité aux marchés publics, faible productivité, faible intégration aux chaines de valeur nationales et internationales). », peut-on lire dans le rapport.
Activités à l’arrêt
Les mesures concernant la fermeture des frontières, des boîtes de nuit ou encore le couvre-feu instauré de 21h à 5h du matin sont en train de mettre en péril une économie qui souffrait déjà des conséquences de la crise multidimensionnelle que traverse le pays depuis 2012.
Dans un pays où créer une entreprise relève du parcours du combattant, beaucoup d’entreprises n’arrivent plus à tenir, alors que d’autres sont déjà presque à l’arrêt. Ils sont nombreux les chefs d’entreprise à se plaindre de l’absence de mesures d’accompagnement. Après le discours présidentiel, la perception des entrepreneurs n’a pas changé.
À Korofina, un quartier de Bamako, nous avons voulu rencontrer un jeune financier qui a depuis quelques années sa propre «boîte». À notre grande surprise, le 17 avril 2020, nous avons trouvé les locaux de son entreprise fermés. C’est au téléphone que nous avons pu nous entretenir avec lui. «Nos activités sont à l’arrêt depuis près d’un mois à cause de la pandémie du Covid-19. Nous n’arrivons plus à assurer nos services à cause de la fermeture des frontières. Malgré cela, nous continuons à payer nos impôts et taxes.», explique Boubacar T., chef d’entreprise.
Il ne semble pas croire aux mesures d’aide annoncées par l’État. Il estime qu’il n’y a pas de liquidité au niveau du Fonds de garantie pour le secteur privé. Aussi, propose-t-il au gouvernement de supporter les charges sociales des petites et moyennes entreprises : «Au mieux, il peut prendre en charge le salaire des employés pendant cette période de crise. »
Dans la ville de Sevaré, les bars et les boites de nuit fonctionnaient à plein régime depuis un certain temps avant l’irruption du Coronavirus. La ville de Mopti a enregistré une douzaine de cas de Covid-19. «Tout le personnel est en arrêt de travail depuis le 18 mars, explique Amonce G., un jeune propriétaire de boîte de nuit. Je suis à une perte de 3 millions depuis le début de l’arrêt de mes activités». Il ne s’attend pas trop à une aide de l’État, mais son souhait est de pouvoir reprendre le plus vite possible pour limiter les dégâts.
Phases des enquêtes
Au Mali, les entrepreneuses évoluent beaucoup dans la restauration. Elles sont nombreuses à créer leur business autour de leur savoir-faire culinaire. Parmi ces nombreuses restauratrices à Bamako, nous avons rencontré la propriétaire d’un restaurant à Kalabancoura, sur la rive droite du fleuve Djoliba, à Bamako.
Mariam Doumbia, la quarantaine, se plaint des mesures prises pour juguler la crise sanitaire. Avec ses trois employés, elle a vu son chiffre d’affaires chuter de la moitié à cause de la diminution de sa clientèle. «Je vends de la nourriture depuis plus de 20 ans. Je fais des plats pour midi et pour la nuit. Mais avec cette histoire de coronavirus, les clients se font rares. Nous ne gagnons même plus la moitié de ce que nous tirions comme bénéfices avant cette crise sanitaire», se désole-t-elle.
La prise en charge des difficultés des petites et moyennes entreprises (PME) risque d’attendre encore. Car du côté de l’Agence pour la promotion des investissements (API), ce sont les phases d’enquêtes qui se poursuivent sur l’impact de la crise sur les PME pour pouvoir apporter des solutions. Cette situation risque de pousser certaines entreprises en difficulté à mettre les clefs sous la porte après la fin de cette pandémie Covid-19.
La pandémie du covid 19 a été et est le plus grand perturbateur des économies partout. Pour le vaincre il faut de la responsabilité de la part des durigeants et du civisme de la part des dirigés.