Depuis 2012, le Mali vit une crise multidimensionnelle. Les violences dans les régions du nord et du centre ont occasionné ainsi le déplacement de milliers de personnes. Parmi elles, certaines se sont installées à Bougouni, un quartier de Ségou.
Peuls, Dogon, Bamanan… passent les journées ensemble : c’est la scène à laquelle on assiste presque tous les jours sur le site des déplacés de Bougouni, un quartier de la commune urbaine de Ségou, à l’extrême-sud de Pélengana. Peu habité et jouxtant Sido-Sonincoura, Bougouni est le quartier le plus éloigné de Ségou.
Ils sont une quarantaine de ménages venant principalement de Toguèrè, Yanka et Labbezanga, installés juste derrière le marché de Bougouni, après les installations de l’Énergie du Mali (EDM–S. A). Une école coranique abandonnée leur sert d’abri.
Auparavant, ils ne cherchaient pas à entrer pas en contact avec les habitants et étaient confrontés à d’énormes difficultés : sans accès à l’eau potable, manque de nourriture et des enfants sans vêtements. Observant leur frère et sœur dans la difficulté, les résidents de Bougouni ont décidé de leur offrir le jatiguiya (hospitalité).
Redonner le sourire
Dès lors, avec le concours du chef de village et le service du Développement social, les habitants leur ont apporté de l’aide : dons d’habits, de chaussures et de vivres. Mieux, le seul puits qu’ils exploitaient est réhabilité.
Après ces actions humanitaires, l’insertion et l’intégration des déplacés devient une réalité. Dans l’après-midi, une vingtaine d’hommes résidents et déplacés se rencontrent régulièrement pour causer. Par ailleurs, des femmes déplacées se joignent à celles du quartier et leur apportent leur aide dans la fabrication et la vente du savon.
Si beaucoup sont employés de main-d’œuvre pour gagner leur pain quotidien, El Hadji Moussa, non moins leader des déplacés du site, travaille déjà dans un atelier de couture de la place et arrive à tirer son épingle du jeu.
Union dans la diversité
La mairie de la commune rurale de Pélengana, dans le cadre de l’intercommunalité (Pélengana, Ségou et Sébougou), est fortement impliquée dans ce processus d’intégration et d’aide aux déplacés. En effet, elle joue un rôle d’intermédiaire entre les déplacés et les principaux acteurs humanitaires : « Depuis l’arrivée des déplacés, nous mettons tout en œuvre pour leur intégration, leur insertion professionnelle et leur bien-être social. », affirme Vieux Tiéfing Sangaré, conseiller à la mairie de Pélengana, chargé des questions de jeunesse et de gestion des crises humanitaires.
En tout cas, les habitants de Bougouni, à travers leurs multitudes actions, montrent la voie à suivre pour le brassage, l’acceptation de l’ « autre » pour que nous vivions dans un Mali de paix et unis dans la diversité.