Pour rétablir la confiance entre les populations, les jeunes doivent discuter. Et les mécanismes traditionnels de gestion des conflits valorisés.
Dans le centre du Mali, les groupes armés venus avec le prétexte fallacieux de la religion musulmane ont commencé « par la proximité » avec comme cible principale la jeunesse. Mais il y a plusieurs autres facteurs sur lesquels ils ont prospéré : la mauvaise gouvernance et l’injustice, entre autres. Il en a résulté une méfiance entre les populations. La jeunesse, surtout, est désemparée.
Pour Vincent Zalé, membre du Réseau local des communicateurs traditionnels (Recotrade-Macina), « il y a non seulement la négligence sinon le laxisme des autorités mais il faut aussi pointer du doigt la justice ». Et cela a créé la méfiance des populations envers celle-ci : « Quand tu te retrouves avec un riche devant le juge, même s’il n’a pas raison il sortira gagnant. Tu ne peux plus avoir confiance en cette justice. »
Par ailleurs, nous avons délaissé nos coutumes, selon lui. Dans nos sociétés, les problèmes se réglaient chez les chefs coutumiers et traditionnels notamment. « Quand il y avait un problème entre un peul et un bamanan ou même d’autres frères, ce sont ces autorités traditionnelles qui géraient. Mais, aujourd’hui, tout passe par la justice en premier ».
La jeunesse au cœur
Cette méfiance entre les populations ne saurait se dissiper sans que les jeunes ne discutent. Les jeunes ont été les premières cibles des groupes armés. Et les motivations économiques y sont pour beaucoup. « Un jeune qui n’a jamais eu 15.000 francs CFA, vous venez lui donner 100.000 francs CFA d’un coup, il ne peut que suivre ce que vous lui dites ». Ainsi, beaucoup de jeunes ont rejoint les groupes. On ne sait plus qui est qui. « Il est donc important que les jeunes se fassent confiance. Et que les aînés aussi s’impliquent. Car tout part de l’éducation », estime Lamine Sidibé, un jeune de Macina.
Leïla Dicko, enseignante et femme leader, estime qu’« il faut que les jeunes se mettent au travail. Rien n’octroie la liberté et l’indépendance que le travail. Nous sommes sur une terre d’agriculture. Les jeunes doivent comprendre qu’il ne faut pas attendre d’avoir toujours un travail dans un bureau. Il n’y a pas de sot métier. Les jeunes de Macina, vous êtes le cœur et Macina sera ce que vous en ferez ! »
« Un retour aux dambé » serait une des solutions pour un retour de la paix et de la cohésion sociale, selon Vincent Zalé, en commençant par le recours à la justice traditionnelle dans la gestion des conflits. « La justice étatique doit être le dernier recours. C’est-à-dire quand les autorités coutumières n’y arrivent pas ». L’autre problème, c’est que « les textes de la justice ne sont pas adaptés aux réalités de nos sociétés. Dans les textes, il n’y a pas de forgerons, de pêcheurs, etc. Or, nos sociétés sont basées sur ça. Il est très important de reformer les textes en comparant les deux pour pouvoir l’adapter ».