Au Mali, la majorité des femmes opèrent dans le secteur informel. Elles doivent être protégées non seulement en raison de la Covid-19, mais aussi de la crise économique que la pandémie a engendrée.
Certaines femmes aiment s’investir dans de petits commerces au Mali. Elle sont partout : boutiques, restaurants, entre les voitures avec les assiettes chargées de marchandises, mais aussi au marché en train vendre des condiments comme les tomates, les poissons congelés ou fumés… Elles achètent en gros par-ci, pour revendre au détail par-là.
Quand on parle du secteur informel, il faut parler de ces femmes qui voyagent de ville en ville pour proposer leurs marchandises ; celles qui sont assises au marché pour vendre leurs produits en échangeant au quotidien avec des milliers de clients ; celles qui sont payées pour faire la lessive dans les familles ; celles qui vendent de la bouillie, des galettes, du poisson grillé, accompagnés de haricot, de spaghetti au bout de la rue la nuit.
Potentielles victimes
Ces femmes sont vulnérables face à cette pandémie qui a obligé les autorités maliennes à prendre des mesures pour réduire les risques de contamination. En avril dernier, le gouvernement avait fixé les heures d’ouverture et de fermeture des marchés dans la période du 7 avril au 30 juin 2020. Les marchés de produits vendus au détail, de légumes et de bétail restent ouverts du lundi au dimanche, entre 6h et 16h. Les alimentations et supermarchés s’ouvrent du lundi au samedi, entre 8h et 19h. Pour les boutiques de proximité, c’est du lundi au samedi, entre 8h et 19h.
En plus de la précarité dans laquelle elles sont plongées, ces femmes doivent aussi faire face aux charges que la crise pandémique a créées. Leurs petits commerces doivent fermer avant 16h, alors que c’est l’heure où la vendeuse de beignet, de haricot ou de frites de manioc sort son petit poêle pour sa clientèle. Atta, vendeuse de légumes au marché Yobou Tao à Tombouctou, ne décolère pas : «Ils ne nous donnent rien pour nous protéger de la maladie et ils nous disent de retourner à la maison avant 16h. Comment veulent-ils donc que nous nourrissions nos enfants? Tant qu’un policier ne vient pas m’évacuer, je ne quitterai ce marché qu’à 18h. »
Il faut des subventions pour ces femmes
Avec la fermeture des écoles, des garderies, elles doivent jongler avec les enfants, le ménage et les activités génératrices de revenus. Pas question d’abandonner, car c’est grâce à ces activités qu’elles arrivent à gérer les petites dépenses de la maison.
Saouda Maïga, étudiante en sociologie, a une solution àcette situation difficile pour ces femmes : « On doit diviser en deux groupes le nombre de femmes qui vendent les mêmes produits. Chaque groupe viendra à son tour au marché pour vendre. Ainsi, le nombre de personnes sera réduit et la circulation sera plus fluide. Cela permettra de réduire les risques de contagion », explique-t-elle.
Les femmes occupent une grande place dans l’économie malienne. Alors, si elles viennent à déserter le marché, cette économie ne s’en sortira pas sans conséquences. D’où la proposition d’un soutien significatif pour ces femmes à travers des subventions non-remboursables, qui leur permettront de respecter les horaires de travail fixés par les autorités dans le cadre de la riposte contre la Covid-19. Ces subventions les aideront à supporter les dépenses de leurs familles. Il leur faut aussi des kits de lavage des mains, des gants et surtout des masques.