Au Mali, la crise sécuritaire fait des malheureux, particulièrement parmi les enseignants qui servent dans le centre et le nord du pays. Ils sont la cible de certains groupes armés et font régulièrement l’objet de menace de mort, d’enlèvement et d’assassinat. Cette situation, qui a contribué à la fermeture de plusieurs écoles, fait que les enseignants des écoles qui fonctionnent encore ne dorment que d’un œil, écrit le blogueur Dramane Traoré
En 2012, au tout début de la rébellion portée par les groupes armés indépendantistes, les écoles de certaines localités du Nord ont été saccagées parce qu’elles étaient le seul symbole qui marquait la présence de l’État dans ces zones. A l’époque, déjà, les enseignants, même s’ils n’étaient pas directement visés, ont connu la terreur.
A chaque attaque, ils étaient sommés de quitter les lieux et ceux d’entre eux qui tardaient à s’exécuter étaient roués de coup. Mais, aujourd’hui, alors qu’un accord pour la paix a été signé entre les groupes armés et le gouvernement, le cas des enseignants s’est aggravé avec la multiplication des mouvements armés d’autodéfense et des groupes aux revendications politico – religieuses.
Lieu de déperdition de la foi
Ces derniers, qui revendiquent l’application de la loi musulmane par les armes, considèrent l’école comme le lieu de déperdition de la foi et où l’on inculque aux enfants « des valeurs » incompatibles avec les préceptes de l’islam.
Des enseignants ont reçu plusieurs fois des lettres de menace pour leur demander de quitter les zones qu’ils considèrent comme les leurs et ceux parmi eux qui s’entêtent à rester sont enlevés. S’ils n’y laissent pas la vie, ils ne seront libérés qu’après avoir été battus. Ce fut, par exemple le cas de deux enseignants du lycée de Tenenkou, enlevés le 17 mars 2018 alors qu’ils voyageaient en compagnie de plusieurs autres personnes. Avant cet acte, plusieurs cas similaires s’étaient produits dans le centre du pays.
Démission forcée
En début d’année, un directeur d’école a été contraint à la démission dans la région de Taoudénit. Mais le grand malheur des enseignants vient des bandits de grand chemin. Ces derniers sillonnent les axes routiers à la recherche des proies faciles. Les enseignants des localités où les banques sont absentes, obligés de se rendre dans les centres urbains à la fin du mois pour la paie du salaire, en font les frais. En 2016, trois enseignants en provenance de Tombouctou ont été froidement exécutés et dépouillés de tous leurs biens par des bandits armés à l’entrée de Niafunké.
Plus patriotes que ceux qui meurent pour la patrie, ça n’existe pas. Ceux-là méritent le respect, la solidarité et la compassion aussi bien du peuple que de ses dirigeants. Les autorités maliennes, en plus d’œuvrer pour le retour rapide de la paix dans les zones à risque, doivent songer à revoir à la hausse la prime de zone accordée aux enseignants qui y servent. Des patrouilles sur les axes routiers peuvent aussi aider les enseignants à mieux servir.
Cependant, les propos tenus par certains responsables sur la grève en cours des enseignants et la gestion peu diplomatique de celle-ci, ne sont pas de nature à encourager les enseignants à aller servir dans des zones où l’administration elle-même refuse de retourner depuis 2012. Dans tous les cas, seul le respect de la liberté et des droits des citoyens est gage de paix et d’harmonie au sein de la société.
Je suis de votre avis.