L’exploitation de l’or par dragage perdure dans le cercle de Kéniéba en dépit des risques environnementaux. Les autorités de la transition doivent prendre les mesures idoines pour interdire cette activité.
L’exploitation de l’or par dragage est une préoccupation majeure dans le cercle de Kéniéba (Kayes). Les populations craignent un désastre écologique. Le fleuve Falémé, les rivières et les cours d’eau sont pollués à longueur de journée par des produits chimiques. Alors qu’un arrêté interministériel du 15 mai 2019 a suspendu les activités de dragage sur les eaux maliennes durant une année. Parmi les contrevenants, figurent des maliens et d’autres nationalités sur les sites, notamment des chinois, des vietnamiens ou encore burkinabé.
Á ce jour, plus de 50 sites d’extraction d’or par dragage sont en activité. Sur ces sites, les placers sont installés sur le lit du fleuve Falémé dans les communes de Faraba, Faléa et autres. Les populations de ces localités mènent une vie pénible du fait de la pollution de l’eau. Sur les douze communes du cercle de Kéniéba, six sont touchées, et le risque d’une catastrophe environnementale est grand.
Complicité locale
Par ailleurs, des élus communaux et des chefs de village sont accusés de complicité dans ces « agressions contre l’environnement ». « Les maires que nous avons élus pour défendre l’intérêt de nos communes sont en complicité avec ceux qui enfreignent les règles d’exploitation. Les exploitants reçoivent des mairies et chefs de village des permis illégaux », s’indigne un habitant de Sitakily, l’une des communes touchées par cette exploitation abusive. Pour cet autre habitant de la commune de Dabia, « les autorités sont au courant de cette situation, mais elles ne réagissent pas. » « Peut-être que les commanditaires sont au sommet de l’État », renchérit-t-il.
Les conséquences de l’exploitation par dragage sur l’environnement sont multiples. Kénieba était réputé pour ses potentialités agricoles. Aujourd’hui, l’utilisation des produits chimiques a un impact négatif sur le sol, source de revenus des paysans. Les récoltes sont peu satisfaisantes et conduisent une partie des bras valides à l’exode rural. « Nous faisons face à d’énormes difficultés à cause de l’appauvrissement de nos sols lié à plusieurs facteurs dont les produits chimiques utilisés çà et là dans la plus grande anarchie », déplore Mamadou M., paysan à Kéniéba. Selon lui, l’agriculture disparaitra si rien n’est fait pendant qu’il est encore temps. En plus des maladies que peuvent causer les produits chimiques, l’insécurité alimentaire pourrait frapper si les champs ne produisent plus.
Passivité des pouvoirs publics
Fort de ce constat, j’interpelle le président de la transition sur le désastre que court le cercle de Kéniéba. Il doit prendre en compte cette préoccupation des habitants du cercle de Kéniéba et mettre fin à la pollution de notre environnement qui a beaucoup trop duré. Il est plus que nécessaire de faire respecter les règlements en vigueur dans ce secteur. Car, en plus du fait ne pas profiter aux populations, c’est aussi une grosse perte pour l’économie nationale. Parce que une grande partie de cet or est vendue sur le marché noir. L’inaction des pouvoirs publics est aujourd’hui perçue et interprétée comme une passivité par les communautés.
Ces exploitations anarchiques connaissent une hausse. La chambre des mines locales et les différentes organisations de la société civile doivent faire front face à l’extraction de l’or par dragage. Une solution durable doit-être mise en œuvre pour éviter l’effondrement de l’écosystème nourricier de Kéniéba et protéger la vie des populations.
Il faut aussi envisager des sanctions à l’encontre des contrevenants. Des mesures idoines doivent être prises pour mettre fin à cette pratique illégale d’extraction d’or par dragage. Les populations du mont Tambaoura gagneront à respirer l’air frais. N’est-il pas temps d’avoir un peu de respect à l’égard de notre environnement en le préservant ?
Merci beaucoup pour ces informations