Les « barons » de la politique locale de Gao ne sont plus en phase avec les réalités de la région. Ils n’ont pas encore compris que nous ne sommes plus à l’époque où toute la famille votait selon les consignes du chef. Nous sommes à l’heure de l’Internet, et les jeunes urbains de Gao, qui sont parmi les plus connectés du Mali, sont déçus du régime actuel et l’expriment, écrit le blogueur Anassa Maiga.
Au niveau national, je n’ai pas aimé la stratégie de campagne de Soumaïla Cissé qui n’a consisté qu’à dénigrer tous ceux qui ne sont pas de son camp, à critiquer le régime en place et à salir ses adversaires. Mais à Gao, que ce soit dans la commune urbaine ou à Ansongo, la stratégie de campagne de la jeunesse URD (parti de Soumaïla) a été très efficace et a beaucoup séduit les jeunes de la région. Il ne fait aucun doute que ce parti aura un meilleur score, contrairement aux dernières élections municipales, où l’URD n’a eu que deux conseillers municipaux sur plus de 30.
Vote sanction contre les ministres natifs de Gao
Les soutiens à la candidature du Président IBK ont donné comme arguments de campagne le fait que le président sortant a nommé deux Premiers ministres et beaucoup de ministres ressortissants de la région, et a promu d’autres cadres à des hautes fonctions. Ils n’ont pas oublié de rappeler que les billets de banque ont été gracieusement distribués à chaque meeting ou rencontre…
Mais les jeunes de Gao ne sont pas dupes. Ils ont exprimé leur amertume face aux cadres de la région et leur déception du régime en place. Ils ont opéré un vote sanction, et les tendances qui, je n’en doute pas, seront confirmées par les résultats officiels, montrent que l’URD de Soumaïla est au coude à coude avec le RPM du Président IBK. C’est plus un vote contre le bilan d’IBK et contre les cadres locaux qui ne s’intéressent qu’à leur propre intérêt.
Echec d’achat des consciences
Pendant que les vieilles personnes dont les femmes en majorité, se contentaient d’aller voter et retourner vaquer à leurs occupations le jour du vote, j’ai d’abord été très choqué par l’attitude de certains jeunes qui erraient dans les centres de vote sans pourtant voter. Ils espéraient croiser des politiciens pour leur vendre leurs voix.
Aux environs de 17 heures, certains aînés ont été aperçus en train de distribuer gracieusement des billets de banque à ces jeunes. Mais j’étais sûr que ces jeunes avaient déjà fait leur choix et qu’ils n’entendaient pas les changer à cause de 1000 ou 2000 FCFA.
Heureusement, les décomptes m’ont donné raison dans tous les grands centres de vote de la commune. Au château, le plus grand centre de vote et où j’étais observateur, sur les 21 bureaux de vote, le parti au pouvoir soutenu et porté par les vieux, n’a gagné que dans un seul bureau sur 21. Cela a démontré que la stratégie d’achat de conscience n’a pas été efficace et les vieux ont perdu la face, face à des jeunes qui ne se laissent plus manipuler mais font ce qu’ils croient être le mieux pour eux-mêmes. J’ai fini par être fier de cette attitude de la jeunesse qui s’est réservée contrairement à l’agitation ailleurs (surtout à Bamako), et qui a attendu le bon moment pour agir et sanctionner.