Kangaba mangues
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A Kangaba, les mangues appartiennent à tout le monde !

Dans certaines localités du Mali, la solidarité autour des domaines publics continue d’être une réalité. C’est le cas à Kangaba où les fruits sont gratuits, témoigne le blogueur Fousseni Togola

Kangaba, cercle de la région de Koulikoro, à 85 km de Bamako,  est une localité pas comme les autres. Elle est connue pour être une ville historique recouvrant des vestiges de l’Empire du Mali fondé par Soundjata Keïta au XIIIe siècle.

Comme moi, rares sont les élèves-maîtres qui ne gardent pas à l’esprit le souvenir de la solidarité de la population de cette ville.  En effet, à Kangaba, contrairement à beaucoup d’autres localités du Mali, les fruits se mangent gratuitement. Une fois que l’hivernage approchait et que les arbres commençaient à donner des fruits, la vie devenait rose pour moi comme pour beaucoup d’autres à l’Institut de formation des maîtres (IFM) de Kangaba, situé juste derrière la ville à côté des vergers de manguiers.

Dégoût des menus quotidien

Chaque soir,  vers 16 heures,  je m’y rendais accompagné de quelques camarades. Comme toujours, ce sont les greffes qui avaient toute mon admiration. J’en mangeais immédiatement dans la brousse et en apportais également dans ma chambre,  au campus de l’IFM.  Si dans d’autres localités cueillir les fruits d’autrui sans autorisation est assimilable à du vol et passible de punition, tel n’est pas le cas à Kangaba.

Pendant cette période des mangues, je voyais mes revenus augmenter, parce que j’achetais moins à manger contrairement à beaucoup d’autres « Ifmistes », comme on aimait à nous appeler. D’ailleurs, cette saison arrivait alors que nous avions commencé à avoir le dégoût des menus quotidiens. Une ration pratiquement invariable : il n’y a pas de petit-déjeuner, le déjeuner est le riz dont la sauce pouvait varier, mais qui ne cessaient de me dégoûter.

Du « béton » au dîner

Le dîner était le haricot et le macaroni que je mélangeais comme d’autres camarades.  Un mélange que nous appelions « béton », en référence au mélange de sable, de ciment ainsi que du gravier qui sert à construire. Moi qui dépensais trop, pour varier le menu, je me passais du dîner en plus du petit-déjeuner grâce à aux mangues. Ce qui me faisait des sous à épargner.

S’il y a réellement quelque chose qui m’a marqué dans cette ville et m’a donné envie d’y rester longtemps, c’est vraiment cet aspect que je n’avais vu auparavant dans aucun village ou ville durant mes voyages. Il y a d’ailleurs des localités où, durant la période des mangues, on met en place une forme de convention interdisant aux gens de toucher à ces fruits sous peine de payer une amende de 5000 FCFA au propriétaire.

Cette forme de solidarité, qui existe dans cette ville, constitue à mon avis un respect  du contenu de la Charte de kouroukanfouga (encore appelée Charte du Mandé) qui stipule en son article 36 : « Assouvir sa faim n’est pas du vol si on n’emporte rien dans son sac ou sa poche ».

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Les commentaires récents (0)

  1. En réaction à cet article, j’aimerais faire vivre ce que la population de la ville de Gao subit comme caprices pour l’obtention des produits de cultures, mangues, bananes, oranges etc. Si possible, faites moi un accusé de réception au : moussaballo405@gmail.com

  2. Dans mon village natal Tannal qui signifie grand datier (sauvegarde) en langue fulfulde , les jujubes et les dates sauvages sont gratuits pendant leur période.