Les Maliens s’étonnent de voir toute une panoplie de candidats qui se présentent à la présidentielle alors qu’ils ont un poids politique très médiocre. Pour le blogueur Djibril Kaentao, ils ne cherchent qu’à monnayer leur petit score contre un poste dans le gouvernement ou l’administration.
L’histoire retiendra que 24 candidats ont prétendu à la magistrature suprême en 2018, alors que la grande majorité d’entre eux savaient qu’ils n’avaient aucune chance de gagner. 11 d’entre eux n’ont même pas eu 1% au premier tour, et seuls 4 candidats ont eu 5% ou plus.
Mais tout ce monde a accepté de payer les 25 millions de francs CFA comme frais de participation. La question que tout le monde se pose est : comment tous ces candidats malheureux comptent-ils récupérer leur « investissement », dans la mesure où seuls les 4 candidats qui ont atteint 5% seront remboursés ?
Les opportunistes de l’ère démocratique
Il est de coutume à l’approche des élections au Mali, que les partis politiques qui végètent habituellement dans le vide, commencent à sortir de l’ombre. L’élection présidentielle de 2018 ne fait pas exception à cette règle. Hormis deux ou trois partis, rares sont ceux qui ont une ligne idéologique connue ou un projet de société clair. Le reste ne fait que du copier-coller.
La plupart de ces partis politiques se créent au gré des humeurs, pour devenir ensuite un fonds de commerce, un moyen pour leurs promoteurs de se promouvoir socialement et économiquement. La place du cadre dans l’administration malienne est fonction du poste qu’il occupe dans la structure partisane, d’où les querelles de leadership à n’en plus finir qui sont à l’origine des scissions incessantes des formations politiques à l’approche des élections. Ces partis et leurs candidats ne sont rien d’autre que ce qu’on peut appeler des opportunistes de l’ère démocratique.
Ils n’attendent que le second tour pour ensuite prétendre apporter leurs voix au candidat vainqueur ou plus susceptible de gagner, comme l’a déjà fait la seule femme du scrutin. Ils gagneront ainsi un poste ministériel ou un poste de direction dans les différentes sphères de l’administration. Moussa Mara, Housseini Amion Guindo, Dramane Dembélé, Niankoro Yeah Samaké et d’autres ont été candidats en 2013 avant de rejoindre le gouvernement.
Malgré les contestations, il ne fait aucun doute que beaucoup de candidats malheureux du premier tour ont déjà commencé à négocier les postes avec le potentiel vainqueur. L’intérêt national attendra.
Des candidatures à retenir cependant
Il faut reconnaitre que certains, quoique minoritaires, ont des ambitions qui vont plus loin que la poursuite de petits postes. Les gens comme l’homme d’affaires Aliou Diallo, qui a raflé à peu près 8% des voix (ce qui n’est pas un petit score), n’ont rien à faire d’un petit poste dans le gouvernement. Ils ont déjà un pouvoir économique, ce qu’ils veulent maintenant est un vrai pouvoir politique pour réaliser leurs ambitions pour le pays.
Leur réussite personnelle leur confère une grande crédibilité. Ils savent que Rome ne s’est pas construite en un seul jour. Leur candidature permet de se faire connaitre du grand public afin qu’ils reviennent avec plus de force pendant les présidentielles à venir. Ceux-là forcent mon respect.