Le Mali est révolté, il n’est pas fier de ce que ses enfants ont fait de lui. Il en a assez que son nom soit associé à la guerre, à la corruption et à d’autres maux. A travers la plume de La Fille de l’Ouest (pseudo), le Mali écrit une lettre aux Maliens pour leur demander de restaurer sa dignité.
Beaucoup d’entre vous pensent me connaître parce que je les ai engendrés, parce qu’ils m’ont visité ou parce qu’ils ont entendu parler de moi aux infos. Peut-être bien que tout ce que l’on vous a dit a sa part de vérité mais, laissez-moi vous raconter mon histoire.
L’harmonie, la solidarité et l’hospitalité me définissaient à merveille par le passé. Je rendais chacun de mes enfants fiers et dignes, mes voisins se sentaient en sécurité chez moi, car je versais de la poudre de bonheur et d’amour sur chaque personne qui venait vers moi.
J’ai vu mes enfants donner du pain à des étrangers, proposer leurs demeures à des personnes venant des contrées vraiment lointaines. Mon système éducatif faisait des envieux parce que mes enfants avaient un excellent niveau. Il y avait la paix chez moi car la sécurité était un de mes acquis.
Mes enfants ne pillaient ni ne détournaient les fonds publics parce que le sort des futures générations leur tenait à cœur. Ils ne jetaient jamais leurs ordures dans la rue.
Ils étaient de vrais travailleurs et accomplissaient leurs besognes sans rien demander en retour. Ils étaient ma plus grande fierté. Partout où ils allaient, ils donnaient envie à d’autres peuples de venir me découvrir. Tout n’était pas parfait mais je n’avais rien à envier aux autres.
Ma vie à cette époque était bien belle et douce, c’était dans les années soixante où le socialisme était encore à la mode. Le sens du patriotisme était élevé, mon indépendance venait juste d’être proclamée, et mes enfants étaient vraiment des personnes intègres et honnêtes.
Ma réputation a été souillée
Aujourd’hui, la réalité est devenue autre malheureusement. Ma réputation a été souillée à jamais, et mes enfants s’en fichent éperdument. Ils pensent que je ne mérite pas qu’on m’aime et qu’on se sacrifie pour moi. Même les mouches voisines refusent de survoler mon territoire à cause des guerres. Les communautés s’entretuent, l’anarchie définit mon quotidien. Les écoles se dégradent et leurs produits atteignent leurs dates de péremption avant même d’être utilisés.
Et que dire des autorités qui sont censés promouvoir ma réputation ? Ils sont comme des oiseaux migrateurs, ils sont partout et jamais chez eux, achetant tout ailleurs, se soignant dans d’autres pays plus développés, perdus dans d’autres cultures. Ils oublient leurs devoirs et négligent leurs responsabilités vis-à-vis de moi.
Tout n’est pas perdu
Je vibre d’espoir malgré tout parce que tout n’est pas mauvais, j’ai toujours de dignes fils qui peuvent améliorer la situation, qui croient en ce que je suis, qui ont foi en cet avenir radieux que je peux leur offrir.
Ils ont conscience qu’il reste beaucoup à faire, et que c’est leur devoir premier de créer un environnement sain et juste pour les générations futures. C’est à eux que j’appelle à ne pas baisser les bras. Je leur dis : battez-vous sans relâche pour que votre Mali redevienne une terre où il fait bon vivre.