Faciles d’accès, les réseaux sociaux tels Facebook, Twitter, WhatsApp et LinkedIn occupent désormais une place prédominante dans nos vies. Au Mali, près de la moitié des habitants disposent d’un compte sur Facebook. On ne le dit pas assez, mais ces réseaux sociaux sont un véritable danger pour nos relations sociales, écrit le blogueur Ibrahima Dia
À l’heure du numérique, nos relations sociales semblent de plus digitalisées. Cet engouement pour une vie sociale virtuelle gagne de l’ampleur, certes, mais une question fondamentale se pose : à quel prix ? De nos jours, nos sociétés, particulièrement celle du Mali, subissent en quelque sorte les revers des réseaux sociaux à différents niveaux. Ce qui peut sembler inquiétant de prime à bord, c’est la diminution importante des contacts humains directs.
Sur les réseaux sociaux, les échanges sont souvent assez superficiels, puisqu’ils s’articulent autour de commentaires d’actualité. Si certaines prises de positions ont le plus souvent toute leur place, et sont utiles au débat public, certaines phrases peuvent parfois sembler être dénuées de sens. Des expressions extrêmement courtes telles que « Rip » (Repose en paix), pour présenter ses condoléances, des emojis (petites icones censées transmettre l’état d’esprit de la personne) ou encore des messageries vocales pour exprimer ses opinions sont trop standardisés pour réellement exprimer ce que l’on ressent.
Concilier réseaux sociaux et vie sociale
Au final, cela ne rapproche pas les individus. « Moi, il m’arrive de passer plus d’un mois sans rendre visite à mes parents qui habitent à Sogoniko, à seulement 20 minutes de chez moi. On ne partage les nouvelles que sur WhatsApp… », reconnaît ainsi Ousmane Dramé, un jeune commerçant devenu prisonnier d’une vie non ancrée dans le réel, qu’il s’est délibérément créé par l’intermédiaire des réseaux sociaux.
L’histoire de M. Dramé ressemble à celle de Fatoumata Coulibaly, une quadragénaire renfermée sur elle-même par Facebook : « Depuis six mois maintenant, je ne participe plus à aucun évènement social, je me limite aux commentaires sur les réseaux », dit-elle avec un certain orgueil. Les réseaux sociaux ont pour but de renforcer la sociabilité chez leurs utilisateurs, mais ils peuvent devenir des pièges quand ces utilisateurs confondent le réel et le virtuel.
Entretenir de vraies relations
La clé est d’adopter un juste milieu. Il est inutile de passer ses journées sur les réseaux sociaux, c’est principalement une perte de temps même s’il est vrai que beaucoup les utilisent pour le travail. Se trouver des intérêts communs parmi plusieurs centaines de milliers d’autres ne suffit pas. Rien ne vaut une vraie relation sociale. Tenir physiquement des réunions, se rendre visite mutuellement, participer aux évènements sociaux : les « vraies » activités n’ont rien à envier à celles que l’on peut trouver en ligne.
Dégageons-nous quelques créneaux pour y accéder mais n’oublions pas d’entretenir de vraies relations avec nos amis et nos familles. Nous y (re-)prendrons rapidement goût. Les écrans ne sont pas mauvais en soi – même si des études en ont déjà montré l’impact nocif sur la santé – à condition d’y trouver un juste équilibre. La société dans laquelle nous vivons ne rend pas cette démarche facile, c’est certain. Mais, il faut réussir à s’en détacher de temps à autre, osé s’ouvrir à l’autre, le rencontrer pour de vrai, passer de bons moments ensemble et échanger face à face.
Nous perdons – malheureusement – de plus en plus de ces habitudes qui sont pourtant ancrées dans nos sociétés depuis des millénaires, mais que la technologie tend à faire oublier.