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Mopti : Djenné carrefour, le cauchemar des voyageurs

Djenné carrefour, situé à près de 100 km et quelques de la ville de Mopti, est, depuis les événements de 2012, devenu un poste à problèmes pour les passagers.

Dimanche 8 septembre. Il est 17h50. Nous sommes à quelques encablures du fameux Djenné carrefour, qui sert désormais d’escale obligée, à la tombée de la nuit.

Des véhicules et bus quittent Bamako, Ségou ou San en roulant à tombeau ouvert. La raison : personne ne veut passer la nuit au carrefour de Djenné. Pour des raisons de sécurité, les autorités régionales ont en effet décidé d’interdire la circulation des véhicules de transport après 18 heures. Des deux côtés de la route, un barrage installé de 18 heures à 6 heures du matin par les militaires maliens, empêche de continuer sur Mopti et les autres régions du Nord.

Cette stratégie, selon les différentes expériences que j’ai vécues sur ce tronçon, met les passagers en danger. A la tombée de la nuit, on peut voir une procession d’une trentaine de bus avec chacun plus de 50 passagers à bord. Le hic est que cette mesure n’a aucune répercussion sécuritaire : les passagers et les cars ne sont jamais contrôlés à ce poste.

Passagers abandonnés

Au carrefour de Djenné, à 100 et quelques kilomètres de Mopti, il n’y a pas de contrôle ni des personnes, ni des bagages. Les passagers sont seulement obligés de dormir là après 18 heures et repartir le lendemain à 6h, ni vu ni connu. Seule obligation : les passagers doivent passer le poste à pied.

Alors qu’elle terminait de se brosser les dents, Fatoumata Touré se plaint : « On est vraiment fatigués par ces mesures. On dirait que le gouvernement ne sait pas ce qu’il fait. Les passagers de tous ces bus sont obligés de dormir ici pour rien. Si par malheur, un malfaiteur voulait nous faire du mal, il pourrait tous nous tuer. Il n’y a presque personne pour nous sécuriser. »

Danger

Au carrefour de Djenné, les passagers sont exposés à tout type de danger : attaques, attentats, kidnapping, incendie. Afin de mieux les sécuriser, les autorités doivent prendre des mesures draconiennes ou complètement libérer le poste. « Il ne sert à rien de dormir à Djenné carrefour, parce que les gens y sont très exposés. La situation géographique du terrain ne donne pas le minimum de sécurité pour pouvoir dormir tranquillement. C’est un large terrain plat, et la sécuriser est un grand problème même pour des agents de sécurité formés pour ce faire », explique Ousmane A. Yattara, qui était avec nous à bord d’un bus venant de Bamako.

Il y a très peu d’agents sur place. Même pour se reposer, on est obligés de louer une natte et se coucher où l’on peut. Dans sa course, un bus ou un camion peut bien finir sa course en écrasant des gens parce qu’un frein à lâché ou que le conducteur se soit endormi un moment. « Pour éviter tout danger, je propose qu’ici on n’oblige plus les passagers à dormir mais simplement qu’on fasse le contrôle comme cela se doit, tout le temps que cela peut prendre et que les voitures continuent de rouler sans entasser les gens pour rien », propose Amadou Guitteye, boucher à Djenné carrefour.

En tous cas, le danger est permanent dans cette zone. Dans leur mission de protection des populations et de leurs biens, les autorités doivent réfléchir à une alternative pour ne pas mettre la vie des passagers en danger.

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