#NeTuonsPasNosFleuves : avec les enfants des campements bozo, la traque aux déchets plastiques
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#NeTuonsPasNosFleuves : avec les enfants des campements bozo, la traque aux déchets plastiques

Dans la capitale malienne, samedi dernier, l’association Karama a mené une activité de sensibilisation sur les déchets plastiques dans le fleuve Niger (Djoliba). Les enfants ont clamé des discours pour sensibiliser sur la pollution du fleuve.

Ce samedi matin, nous sommes invités à embarquer à bord de deux pirogues pour l’île Djalagoun dans le cadre d’une activité organisée par l’association Karama. Au bord du Djoliba, vers un campement bozo, à Badalabougou, il est question des sachets plastiques.

Déjà, dans la pirogue pour l’île Djalagoun, l’on aperçoit des sachets plastiques sur le fleuve et beaucoup d’endroits asséchés. Aussi, l’une de deux pirogues était-elle couverte de sachets plastiques collectés, lavés et assemblés par les enfants des campements bozo. « Tous ces sachets sur la pirogue ont été récupérés dans le fleuve pour alerter l’opinion publique sur ce qu’il y a dans l’eau », explique Marie Garnier, coordinatrice de Karama.

Centre d’apprentissage

Sur l’île, bien aménagée, se trouve un centre d’apprentissage bâti en 2017 par l’association pour scolariser les enfants de différents campements bozo. « Une pirogue de ramassage scolaire vient les chercher chaque matin [du lundi au vendredi pour les emmener sur l’île]. Nous avons trois gros axes d’apprentissage dans cette école : la pédagogie active, la protection de l’environnement, particulièrement la protection du fleuve Niger, et la valorisation des savoirs locaux », poursuit Marie Garnier.

Ces enfants sont, pour la plupart, issus de la communauté bozo vivant au bord du fleuve — à Badalabougou, Magnambougou Faso Kanu et d’autres îles et îlots à Bamako. Selon le directeur, Broulaye Konaté, l’école a commencé avec 40 élèves. Les enfants sont aujourd’hui au nombre de 143 élèves dont 77 filles et 46 garçons, avec une forte demande des parents. Dans cette école, il y a cinq classes, de la 1e à la 5e année, pour seulement trois enseignants réguliers et un bénévole.

Outre l’enseignement, les enfants font également d’autres activités comme la poterie, le bogolan, la danse et l’entretien des jardins pédagogiques aménagés pour eux. Les moyens étant limités, l’école encore au stade d’homologation, Broulaye Konaté appelle à l’aide « pour que ces enfants puissent contribuer au développement du pays ».

La pêche de plus en plus difficile

Dans leurs différentes interventions, sous forme d’arbre à palabre, les différentes personnalités de la délégation se sont exprimées sur la problématique des sachets plastiques. Selon Abdoulaye Kanakomo, dit « Kobaké », originaire de Banankoro et chef du campement bozo de Badalabougou, avec ces sachets plastiques la pêche devient de plus en plus difficile.

Premier vice-président de l’association Bozo Kabu, active pour la protection et la promotion de la culture bozo depuis 2018, Soumana Kalapo abonde dans le même sens. Il explique que le fleuve est envahi par les plastiques, les eaux usées des usines et des hôtels, de la teinture, les produits toxiques utilisés par les orpailleurs, l’ensablement et la construction dans les lits du fleuve.

Ce qui lui fait dire que « le fleuve est agressé de toutes parts ». Résultat, poursuit-il, « la vie [est] très compliquée dans les campements bozo ». Kalapo ajoute : « Quand nous mettons notre filet dans le fleuve avoir du poisson, il ne remonte qu’avec des sachets plastiques. »

Pour Mariam Anty Sylla, responsable plaidoyer de la Coalition nationale pour la sauvegarde du fleuve Niger, les ménages, avec l’éducation, ont un grand rôle à jouer dans le changement des comportements. « Il faut refuser les plastiques dans notre quotidien », recommande-t-elle. Car, ajoute-t-elle, l’on peut vivre sans plastiques. Comme les autres intervenants, Mariam Anty Sylla plaide pour l’application du décret de la loi de 2014 « portant interdiction de la production, de l’importation et de la commercialisation de sachets plastiques non biodégradables en République du Mali ».

La journée s’est terminée par une sensibilisation des enfants des campements bozo au niveau du pont Fahd, sur le fleuve Djoliba. Avec un seul message sur les banderoles : « Sauvons la nature » !

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