Dans le village de Diayala, à Kayes, l’eau potable est un luxe pour les femmes. Elles sont confrontées au manque d’eau potable au quotidien et ne savent plus à quel saint se vouer.
Dimanche 19 septembre 2021. Il est 16h30 lorsque j’arrive dans ce village situé en périphérie de la ville de Kayes. Rallier Diayala relève d’un parcours du combattant. Sur place, plusieurs femmes attendent autour du seul puits de leur quartier. Pour avoir de l’eau, elles doivent se lever à 5h du matin pour former le rang. L’attente dure parfois des heures. Il faut rappeler que parmi elles, certaines sont même en état de grossesse.
Difficile pour elles de comprendre que beaucoup de familles soient encore privées d’un droit fondamental, l’accès à l’eau potable, dans un pays indépendant depuis 61 ans.
Plus de 80 familles touchées
C’est dans un tohu-bohu quotidien qu’elles prennent d’assaut le puits du quartier. En plus du manque d’eau, cette localité est également confrontée à d’autres problèmes comme l’absence de routes et d’électricité. « Nous avons d’énormes difficultés pour avoir de l’eau potable. En plus, nous n’avons pas de routes, encore moins d’électricité. Il y a plus de 80 familles qui viennent se ravitailler dans ce puits », explique Niamam Dabo, habitante.
Ce problème d’eau est connu des autorités communales depuis des années, selon les habitants. Rien, dénoncent certains, n’a été fait pour arranger la situation. « Depuis plus de 10 ans, nous sommes tout le temps en quête d’eau. En tant que mères de famille, cette situation nous rend la vie difficile. Que pouvons-nous faire sans eau potable ? », s’interroge Adam Diarra, une autre habitante de Diayala.
Nos nombreuses sollicitations pour échanger avec les autorités communales n’ont pas porté fruit.
Entre colère et amertume
Les familles désireuses d’avoir de l’eau potable doivent débourser beaucoup d’argent. Et le prix du bidon de 20 litres varie selon la distance. « Pour avoir un bidon d’eau de 20 litres, il faut débourser entre 50 francs CFA et 100 francs CFA. Le hic est que les distributeurs refusent parfois de venir nous livrer de l’eau potable à cause de l’accès difficile. Ils exigent des achats de 1000 francs CFA au minimum pour accepter de venir », déplore Ayé Touré.
Il y a aussi les risques de maladies, notamment la diarrhée. Une situation que des mères de famille de la localité déplorent le plus. « Pour utiliser l’eau du puits, il faut le filtrer, sinon nous sommes exposés à la diarrhée, surtout en cette période d’hivernage où l’eau usée traine partout dans le quartier. Nos enfants sont à l’hôpital tout le temps à cause de la diarrhée. », continue Ayé Touré.
A cause de ce problème d’eau, les femmes de Diayala ne cachent pas leur amertume et leur colère face aux promesses non tenues des autorités de la localité. Selon Aissata Sangaré, aucun de ceux qui ont été choisis n’a honoré ses engagements concernant la résolution du problème. Elle ajoute qu’une fois élus, les candidats disparaissent. « Cela est décourageant. Franchement, je n’ai plus envie de voter », lâche-t-elle avec déception, en espérant tout de même qu’une personne de bonne volonté viendra leur enlever cette grosse épine du pied.