A travers son livre « Patiente zéro de la Covid-19 au Mali », Inna Maïga témoigne des attaques qu’elle a subies, après avoir été testée positive de la Covid-19 au Mali.
Inna Maïga a été « la première femme testée positif au coronavirus » au Mali. Elle vit en France depuis 2001. Un journal en ligne a donc publié une vidéo l’accusant d’avoir amené cette « vilaine maladie » au Mali. Maïga estime avoir subi une campagne de diffamation, qui est restée « impunie ». C’est pour dénoncer cette impunité qu’elle a décidé d’écrire le livre Patiente zéro de la Covid-19 au Mali.
« L’idée d’écrire ce livre m’est venue parce qu’il fallait soigner des blessures », dit-elle aux journalistes à l’occasion du lancement de ce livre, le samedi 6 novembre, au Mémorial Modibo Keïta. « Je suis quelqu’un qui aime beaucoup écrire. J’écris pour manifester mes chagrins, mes joies. A travers l’attaque que j’ai subie sur les réseaux sociaux, il m’a semblé nécessaire de me soulager à travers les mots. Je compte sur la justice pour faire la lumière sur cette affaire », ajoute-t-elle.
Déontologie mise en cause
Inna Maïga ne décolère pas contre les journalistes, qui ont publié des rumeurs l’accusant d’avoir fui la France en sachant qu’elle était positive à la Covid-19. « Les pseudo-journalistes, m’ayant cataloguée d’apatride, ne m’ont pas laissé le choix », s’indigne la native de Missira, à Bamako, qui possède aussi la nationalité française. « J’ai été honnie. On m’a injuriée père et mère sur les réseaux sociaux. C’était affreux », ajoute-t-elle. C’est pourquoi elle a porté plainte contre ceux qui ont diffusé ces rumeurs. Elle encourage les autres victimes de diffamation en ligne à porter plainte.
Ousmane Issoufi Maïga, ancien premier ministre, soutient la « patiente zéro ». « N’est pas journaliste qui veut. On ne doit pas écrire la rumeur publique. Ça détruit les familles », dit-il. L’ancien premier ministre recommande de renforcer la formation des journalistes pour qu’ils fassent preuve de plus de professionnalisme.
Mais Bandiougou Danté, président de la Maison de la Presse, conseille de ne pas confondre les réseaux sociaux et les médias professionnels. Pour lui, ceux qui diffusent les rumeurs en ligne, « c’est les réseaux sociaux, ce n’est pas la presse ».
Publié par Figuira Éditions, en novembre 2021, Patiente zéro est un récit passionnant qui nous apprend beaucoup, autant sur le parcours international de son auteur que sur la gestion de la pandémie de la Covid-19 au Mali.
- Inna Maïga, Patience zero, Figuira Editions, 5000 F CFA, 116 pages