L’écrivaine Fatoumata Keita dédie son deuxième tome de poésie, Ce n’est jamais fini, à toutes les victimes de handicap. C’est un poème d’amour, mais aussi une invitation à ne jamais perdre espoir en l’avenir.
A travers sa trilogie romanesque commencée avec Sous fer (2013), et complétée par Quand les cauris se taisent (2017), et Les mamelles de l’amour(2017), Fatoumata Keita s’est imposée comme l’une des meilleures plumes de la littérature malienne contemporaine.
Elle a été lauréate du prix Massa Makan Diabaté de la Rentrée littéraire 2015, et du deuxième prix du meilleur roman féminin en Afrique de l’Ouest 2015, pour Sous fer. Le 26 novembre 2019, Fatoumata Keïta lançait le deuxième tome de son poème Ce n’est jamais fini, à l’Institut français du Mali, à Bamako. En 2018, le premier tome avait été publié aux éditions La Sahélienne.
« Ce n’est jamais fini
Tous les médecins, tous les sorciers ont vu Nênê
Aucun diagnostic, aucun contrôle ne nous édifiait.
Elle ira mieux avec les ans, finissent par dire les savants.
Les sorciers cruels, eux, devisent que c’est un serpent.
Mais quel enfant vient-il au monde en serpent ?
Et quel serpent est-il aussi inoffensif et charmant
Pour rester allongé dans cette robe de bienveillance ?»
Comme le révèle cet extrait, Fatoumata Keita dédie aux victimes de handicap le deuxième tome de sa saga poétique Ce n’est jamais fini, publié chez Figuira Éditions, une maison d’édition qu’elle a nouvellement créée. Les enfants nés avec un handicap sont souvent considérés comme une malédiction pour leur famille, qui finit par les détester et les abandonner au lieu de les aimer et les soutenir.
Le handicap est un thème tellement douloureux que la poésie s’est imposée à l’auteure de Sous fer (2013) pour exprimer la souffrance qu’il cause dans les familles. C’est « pour être la voix des mères qui portent seules la douleur d’avoir à faire face à la prise en charge des enfants qui naissent avec des déficiences » que Fatoumata Keita dit avoir décidé de dédier ce long poème de 95 pages au handicap.
Mais aussi, ajoute-t-elle, « pour faire comprendre qu’un enfant est un cadeau du ciel et que si Dieu nous en donne, qu’il soit bien portant ou souffrant, c’est notre devoir de l’aimer et de l’accompagner à grandir. »
Une note d’espoir
Ce n’est jamais fini est donc un poème d’amour mais aussi une invitation à ne jamais perdre espoir en l’avenir. Car, nous avons tous des handicaps qui nous empêchent de croire que nous pouvons les surmonter. La pauvreté, la maladie, la perte de ceux qui nous sont chers, la trahison, tout cela peut nous pousser à perdre confiance en la vie. Mais « peu importe la situation dans laquelle nous sommes et le handicap qui nous ronge », nous dit Fatoumata Keita.
« Ce n’est jamais fini
Il faut, me dit-on, savoir patienter
Et continuer à boire à la source de l’espoir
Il faut trouver la force de croire
Que passera la saison des ombres. »
Avec Ce n’est jamais fini, dont le troisième tome devrait sortir bientôt, Fatoumata Keita s’impose comme une référence dans la poésie au Mali.