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Au Mali, ramadan et travail ne font pas bon ménage

Durant le ramadan, la frustration et la colère sont au rendez-vous pour les usagers de certains services publics où le jeûne devient un prétexte pour certains agents pour être des partisans du moindre effort. 

Il est environ 14h30, et déjà la plupart des services sont désertés : de la cité administrative aux banques en passant par certaines écoles. A cette heure, les routes sont bondées de motocyclistes et d’automobilistes en plein centre-ville. Un peu partout, il y a des embouteillages monstres. La circulation est si dense et lente en même temps, à ce moment-là, que les usagers, énervés par les bruits des engins mêlés à ceux des estomacs criant famine, s’adonnent facilement à des engueulades entre eux ou avec leurs « copains de tous les jours », les policiers.

Tout le monde, la mine « ramadanesque », veut regagner vite la maison, car le soleil tape fort. On quitte le service avant l’heure, alors qu’il y a des changements d’horaires de travail (du lundi au jeudi, 7h30 à 16h30 ; vendredi 7h30 à 12h30).

Avoir un papier administratif est parfois un vrai problème

Certains citoyens, qui se sont déjà retrouvés dans le besoin urgent d’avoir un papier administratif par exemple, peuvent en témoigner. C’est la frustration au quotidien pour beaucoup. Awa, une jeune commerçante indignée, dit s’être rendue dans un service public à Korofina, en commune I du district de Bamako, afin d’obtenir une carte NINA (Numéro d’identification nationale), sans laquelle elle n’aura pas son passeport biométrique dont elle a pourtant urgemment besoin. Arrivée, elle dit avoir été surprise de constater qu’à 8 heures, le travail n’avait pas encore commencé. La file d’attente était pourtant déjà longue. Il a fallu attendre jusqu’à 9h30 pour que les agents se présentent. Le travail, encore une fois, n’a pas commencé aussitôt.

Après avoir pris quelques personnes, un agent est sorti de son bureau, a pris la posture d’un général avant de balancer à la foule : « Nous sommes désolés, après 5 personnes de plus, nous serons dans l’obligation d’arrêter. » Une déclaration qu’Awa n’a pas digérée. Elle a donc foncé tout droit au secrétariat où une dame lui a fait savoir que c’était ainsi ainsi pendant le ramadan.

Un vieux problème

Malgré les revendications de la commerçante et des autres personnes formant la queue, les agents ont arrêté de prendre les gens à 13 heures. Boubacar Traoré, dépassé par cette attitude, a laissé exploser sa colère : « Ces gens sont payés pour servir la population et voilà qu’ils refusent de le faire sous prétexte qu’ils sont à jeun. Quel verset coranique dit de ne pas travailler pendant le ramadan ? Nous en avons marre. »

Ce problème n’est pas nouveau. J’avais déjà rencontré ce problème en 2016 lorsque j’avais voulu retirer ma fiche individuelle. Nombreux sont les musulmans qui refusent de respecter la durée normale du travail pendant cette période. Dans les bureaux, on les voit se morfondre, malmenés par la faim et la soif, et dormir parfois sans retenue comme s’ils étaient les seuls sur la planète à faire face à cette épreuve. Les pauses deviennent des parties de sieste interminables.

Je pense qu’il est temps d’être sérieux. Je propose que l’on puisse proposer des aménagements comme dans certains pays, en permettant à ceux qui font le ramadan de travailler la nuit, après la rupture, par exemple. Les gens doivent arrêter de mélanger la religion et le travail. Si nous avons besoin de Dieu pour avancer, retenons en revanche que Dieu ne demande à personne de ne pas travailler sous prétexte qu’ils sont à jeun. En plus, l’islam n’est pas religion d’Etat ici.

 

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