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Corruption, favoritisme : le changement sans en payer le prix ?

Après plus d’un demi-siècle d’indépendance, le Mali peine à montrer le visage d’un pays en réelle voie de développement. Pour Ousmane Soumbounou, tout le monde est responsable.

Un cousin, venu de la France il y a quelques jours, m’a dit : « J’ai quitté le Mali il y a dix ans, mais je constate que pratiquement rien n’a changé. Les rues sont toujours sales et poussiéreuses, il y a toujours des coupures fréquentes d’électricité et d’eau, surtout en cette période de chaleur et les jeunes sont toujours occupés à faire du thé ». Hélas, c’est quasiment le même constat que font la plupart de nos parents qui ont fait un séjour ailleurs.

Les populations, qui crient chaque jour, se plaignent mais oublient qu’elles-mêmes sont à la base de leurs propres malheurs. Comment sortir de cette souffrance si nos comportements en constituent la cause profonde ? Les Maliens, dans leur grande majorité, n’agissent qu’en fonction de leurs intérêts personnels et immédiats. Il est possible de compter sur les doigts d’une main ceux et celles qui agissent pour l’intérêt et l’avenir du Mali. Parmi les comportements qui freinent notre développement, il y a principalement la corruption, le favoritisme, le retard, et la négligence.

La règle de la corruption

La corruption n’est un phénomène nouveau pour personne au Mali. Ce qui est inquiétant, c’est qu’elle est devenue une chose normale pour les Maliens. Chacun est à la fois corrompu et corrupteur. Les parents d’élèves soudoient les surveillants d’examens afin que ceux-ci assistent leurs enfants, les usagers qui ne sont pas en règle corrompent les policiers, les entrepreneurs médiocres corrompent les fonctionnaires pour obtenir des contrats, etc.

A la corruption, vient s’ajouter le favoritisme. Qui d’entre nous n’a pas vécu cette scène où, attendant patiemment son tour dans un service public, un nouvel arrivant, au lieu de suivre le rang, va directement se faire servir sous prétexte qu’il a un lien avec le responsable de la structure. Au Mali, le favoritisme est plus visible lors des recrutements.

Halidou Maïga raconte qu’il était sur le point d’être recruté par une ONG dans le nord du pays. Mais, à la dernière minute, il est informé que le recrutement est annulé. Quelques jours après, quelqu’un lui apprend que le poste vacant a été occupé par le fils du maire alors que ce dernier n’avait même pas le profil requis.

Les Maliens en retard

Ensuite, il y a le retard, devenu une endémie au Mali. L’heure réelle de début d’une activité n’est jamais communiquée, ni jamais respectée. C’est plutôt une heure ou trente minutes de moins que l’heure normale qui est communiquée. Les travailleurs arrivent en retard au travail, les cours commencent en retard dans les écoles, les réunions commencent toujours en retard. Au point que certains étrangers, pour blaguer, parlent d’ « heure malienne » pour fixer un rendez-vous.

« Pratiquement, toutes nos réunions se font en retard, explique Aïssatou, membre d’une association de femmes. J’arrive tout le temps à l’heure, donc avant tout le monde. Une fois, j’ai voulu connaître les raisons des retards des unes et des autres. Une personne m’a répondu qu’elle faisait exprès de venir en retard parce qu’elle sait que les autres viendront forcément en retard ». Ne dit-on pas que la meilleure manière de décourager les ponctuels est d’attendre les retardataires ?

Manque de sérieux

Enfin, il y a la négligence, caractéristique de notre manque de sérieux dans tout ce que nous faisons. Nous manquons de professionnalisme dans nos actions. C’est cette négligence qui explique la médiocrité qui caractérise tous les secteurs d’activités : l’armée, l’enseignement, la médecine, l’informatique, le journalisme…

Aujourd’hui et plus que jamais, les Maliens veulent un nouveau Mali dans lequel tout le monde vivra mieux. Ce nouveau Mali, il a un prix : celui du changement radical de tous. Or, ici, pour reprendre Tiken Jah, « tout le monde veut le paradis, mais personne ne veut payer le prix. »

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Les commentaires récents (4)

  1. Tout à fait! On est tous des corrupteurs corrompus. Alors il faudra arrêter de corrompre pour éviter d’être corrompu😠

  2. Vous avez tout dit, rien n’a ajouté encore. Nous les maliens, nous pensons que c’est quelqu’un qui va changer les choses à notre place.On se trompe. Les gents aiment le sacrifice hors un changement ne peut se faire sans ce dernier.