À Tombouctou, le mois d’août et la première décade de septembre ont été marqués par des fortes pluies. Dans la foulée, d’importants dégâts matériels ont été occasionnés.
Vingt-quatre mille. C’est le nombre de personnes touchées par les inondations, en 2019, dans la région de Tombouctou. En 2018, la pluie a endommagé plus de 700 maisons, selon la Direction régionale de l’assainissement, du contrôle des pollutions et des nuissances. Plus de 400 maisons se sont écroulées comme un château de cartes en 2019. Les sinistrés atteignent 8000 environ. A Tombouctou, les quartiers les plus touchés sont, entre autres, Hamabangou, Abaradjou et le secteur de Koira Tawo.
Chaque année, c’est le même scenario ou presque. A Diré, à 138 kilomètres de Tombouctou, la saison pluvieuse est la bête noire des populations. Depuis deux ans, les eaux de pluie provoquent dans la ville des dégâts incommensurables. Les écoles, où les sinistrés trouvent refuge, sont débordées. Quelques dons pour les sinistres et on oublie de prendre des dispositions pour la saison prochaine.
Éternels sinistrés
A chaque saison des pluies, les mêmes personnes se retrouvent souvent sans abri. Les maisons touchées sont reconstruites après la saison des pluies, mais s’écroulent chaque fois qu’il y a une forte pluie.
Habitant au quartier de Hamabangou, Hama, habitant de Tombouctou, a presque tout perdu.« Ma famille et moi avons été forcés d’abandonner la maison. L’eau est venue avec force vers nous. La maison était inondée, elle s’est finalement effondrée. En attendant, nous habitons dans l’école d’à côté. »
Si certains ont perdu leur maison, d’autres comme Jamila se sentent abandonnés sans assistance. « Depuis quelques jours, nous habitons en plein air. Je n’ai plus de maison. J’ai pu récupérer quelques effets, mais l’essentiel de mes affaires est parti avec l’eau. Jusque-là, nous n’avons reçu aucune aide. Je suis inquiète de cette situation qui est récurrente et sans solution », se plaint-elle.
Moyens insuffisants
La problématique de la gestion des eaux de pluie n’est pas nouvelle. D’une part, elle a été aggravée par l’urbanisation de la ville, et d’autre part par d’assainissement.
Dans la médina, l’architecture ne permet pas de réaliser des ouvrages adaptés aux réalités. Pire, les canaux d’évacuation des eaux, même s’ils existent, ne sont pas entretenus. Le plus souvent, les caniveaux sont bouchés par le sable.
Du côté de la mairie de la commune urbaine de Tombouctou, c’est le manque de moyen qui est mis en avant. « Nous n’avons pas suffisamment de moyens pour la bonne gestion des eaux de pluie. Cela est dû à la faible mobilisation des taxes. Elles permettent d’assurer l’entretien des ouvrages d’assainissement. La station qui doit permettre le pompage des eaux vers la station d’épuration est aux arrêts à cause d’un problème de moteur. C’est ce qui favorise la stagnation des eaux », explique Cheick Sormoye, chargé de la voirie à la mairie de Tombouctou.
Les inondations de ces années ont déjà coûté la vie à plusieurs personnes. Les sans-abris augmentent de jour en jour. Ainsi, la gestion des eaux de pluie reste un véritable défi pour les autorités locales.