#SiraKura : la dépolitisation des syndicats, un pari difficile à gagner
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#SiraKura : la dépolitisation des syndicats, un pari difficile à gagner

Parmi les nombreuses recommandations faites par les Maliens à l’issue des Assises nationales de la refondation (ANR), figure la dépolitisation des syndicats. Un pari difficile à gagner.

En effet, au Mali les syndicats ont joué un rôle très déterminant dans l’histoire sociopolitique du pays. Nul ne peut oublier la participation active et tenace des syndicats, notamment la centrale Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) dans l’avènement de la démocratie et le pluralisme politique dans les années 1990.

Les syndicats ont toujours entretenu des liens avec les organisations politiques, au point que le jeu politique malien, tant au niveau national, régional que local, est dominé par l’influence des dirigeants syndicaux. Ces dirigeants syndicaux, même s’ils sont élus pour défendre les droits des militants dans leurs organes respectifs, nouent des liens multiformes avec les dirigeants politiques qui, eux aussi, leur doivent leurs fonctions électives le plus souvent.

Promesses de promotion ou favoritisme

Lors des joutes électorales au Mali, les syndicalistes descendent, sans gène et au mépris de tout respect de la déontologie propre au syndicalisme, dans l’arène politique en cherchant des électeurs pour les candidats, qui leur ont probablement fait des promesses de promotions dans l’administration publique ou de favoritisme dans les passations des marchés publics.

L’enracinement de ces pratiques entre syndicats et politiques nourrit un scepticisme chez les Maliens, convaincus que la séparation entre ces deux acteurs constitue un challenge difficile tant leur proximité est ancienne voire naturelle pour certains. « Je sais que les ANR proposent un mécanisme visant la séparation entre les syndicats et les partis politiques, mais selon ma longue expérience, ce pari est difficile à atteindre parce que ces deux acteurs sont quasiment liés. L’un a besoin de l’autre pour être élu, tandis que le second attend en retour les faveurs clientélistes de l’autre. Séparer ces deux me semble une utopie », pense Adama, un retraité.

Liens historiques

Contrairement à Adama, certains acteurs politiques affirment être en mesure de se passer des acteurs syndicaux, qui constituent une force de mobilisation redoutable lors des élections grâce à leur ancrage social. En effet, des politiques pensent qu’établir des frontières est salutaire, dans la mesure où cela permettra aux partis politiques d’évaluer leurs propres capacités de mobilisation des hommes sans les leaders de la société civile à qui ils sont redevables de façon tacite. « Au Mali, explique Samba, militant d’un parti politique, personne ne peut dire que les leaders syndicaux sont aussi des dirigeants politiques, les seuls liens existant entre les deux sont la complémentarité dans l’amélioration de la gouvernance publique. L’appui des syndicats lors des élections aux partis politiques est officieux. Mais, notre parti n’a pas peur d’aller aux élections avec ses propres ressources dans l’arène politique. Cette proposition ne nous affectera pas. »

Au regard de la proximité des syndicats avec les partis politiques, il est difficile de parvenir à l’établissement d’une frontière entre les deux du fait de leurs liens historiques, notamment dans l’animation sociopolitique du pays.

Pour ma part, je pense qu’il est temps d’interdire aux dirigeants syndicaux l’exercice des fonctions politiques ou institutionnelles lorsque ceux-ci sont à la tête de syndicats.

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