Depuis quelques semaines, des organisations non gouvernementales (ONG) limitent leurs prestations aux personnes assistées à Tombouctou. Des ménages de retour des camps de réfugiés dans les pays limitrophes du Mali vivent sous l’épée de Damoclès d’une insécurité alimentaire.
Les ONG jouent un rôle significatif dans le processus de stabilisation à Tombouctou. Elles apportent une assistance alimentaire aux ménages impactés par la crise sécuritaire. Une manière aussi de combler les faibles rendements agricoles. Mais, la suspension de financement des projets de sécurité alimentaire au profit des démunis pourrait être un drame.
Aujourd’hui, les ménages vulnérables épuisent leurs dernières provisions fournies par les ONG et d’autres structures humanitaires intervenant dans la ville. L’interruption de l’assistance humanitaire risque d’impacter plus les familles de retour du camp des réfugiés de Mbéra, en Mauritanie, prises en charge conjointement par la Croix rouge et Handicap International.
Le désespoir des anciens refugiés
En 2014, Halima, qui a séjourné au camp des réfugiés de Mbéra, est revenue avec une partie de sa famille. Aujourd’hui, elle veut y retourner dans l’espoir d’y être prise en charge. « Je suis retournée à Tombouctou en 2014 suite à une campagne de sensibilisation au retour volontaire. J’ai été recensée par une ONG qui me fournit des vivres et de l’argent. Depuis quelques semaines, on nous apprend que mes enfants et moi ne pouvons plus bénéficier de ces aides dont nous dépendons. J’ai donc décidé de retourner au camp », explique-t-elle.
Selon le dernier bulletin d’informations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le Mali compte actuellement 250 000 déplacés internes. Tandis que l’insécurité alimentaire affecte cinq millions de personnes, dont un million et demi sévèrement touché.
Certaines familles cèdent leurs troupeaux à des prix modiques pour supporter la crise alimentaire. Ce désastre humanitaire a des répercussions sur d’autres villages situés en bordure de Tombouctou. La plupart de ces villages abritent d’anciens réfugiés au niveau de vie modeste.
Dans ces zones de pâturage, l’accès aux moyens de subsistance est un impératif pour le maintien des habitants. « Mon cheptel dépérit progressivement. J’ai vendu un nombre important de mes bêtes afin de pouvoir supporter la crise. Les conditions d’existence en zone désertique sont éprouvantes pour que je puisse y nourrir ma famille et les animaux que j’ai reçus en don par une ONG lors de mon retour à Toya en 2015. Maintenant, je suis partagé entre l’envie de retourner au camp ou assister à la désagrégation de mes économies déjà fragilisées par la situation », confie Bilal, un ancien réfugié revenu du Burkina Faso, perplexe.
Des contrats résiliés
Par ailleurs, des salariés travaillant sur des programmes de sécurité alimentaire voient également leurs contrats résiliés. Comme Halimatou, ancienne salariée d’une ONG de la place, beaucoup sont au chômage. « Je travaillais sur un volet de distribution de vivres à Tombouctou. Mon contrat a été résilié du fait de la cessation des financements du volet depuis presqu’un mois. »
À ce jour, le nombre de cas testés positifs à la Covid-19 ne cesse d’augmenter. Quelques familles victimes ont reçu des vivres. Cela ne suffit pas. Le programme d’aide doit s’étendre aux ménages vulnérables, particulièrement les réfugiés rapatriés volontairement.