Le Mali dispose d’un espace pour s’autosuffire en riz : l’Office du Niger. Malheureusement, malgré l’abondance d’eau dans le delta intérieur du Niger, la production rizicole reste insuffisante.
Le Mali, bien qu’étant capable de s’autosuffire en riz, denrée de première nécessité très consommée, en importe toujours. Le delta intérieur du Niger, vaste zone, est un endroit naturellement humide, propice à la culture du riz. Cette zone très importante reste, cependant, sous-exploitée.
L’Office du Niger, d’une superficie brute de 2 458 506 hectares dont 1 907 406 hectares aménageables, au départ, devait répondre à ce besoin d’autosuffisance en riz, lorsque qu’il a été récupéré par les autorités maliennes après l’indépendance. Plus de 60 ans après, les objectifs restent non atteints.
Au regard du salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) au Mali, qui est de 40 000 francs CFA, le prix du kilo de riz, entre 550 francs CFA et 639 francs CFA en 2022, selon les qualités, coûte une fortune.
Profiter donc de cette zone naturelle qu’est l’Office du Niger, pour en produire à suffisance, est donc une solution adéquate que devrait adopter l’État pour permettre aux populations de se nourrir à moindre coût.
Lueur d’espoir
Mis en place en 1932 par l’administration coloniale, dans l’optique de produire du coton pour les industries françaises spécialisées en textile, l’Office du Niger, récupéré par la jeune République du Mali en 1960, a remplacé la culture du coton par celle du riz.
Le président Modibo Keïta, soucieux de garantir l’autosuffisance alimentaire, avait décidé d’en faire une priorité dans son plan de gouvernance. Malgré la collectivisation du secteur à travers une implication massive des populations dans le projet, la création de coopératives, de champs collectifs, une collaboration avec la Chine (un partenaire de poids), les résultats demeurent insuffisants.
Avec l’arrivée de Moussa Traoré au pouvoir, l’Office du Niger reste une priorité. Sa réforme est amorcée dans un plan dit de redressement économique et financier, sur une durée de 3 ans. Les résultats, après des moments pénibles comme la sècheresse à laquelle tout le Sahel avait été confronté entre 1972 et 1974, sont encourageants.
En effet, pour la saison 1977 à 1978, la production était de 100 000 tonnes. Ce qui, comparativement à la démographie de l’époque (6,831 millions d’habitants), est une réussite. Entre 1980 et 2006, selon l’Office du Niger, les rendements ont quadruplé, passant de 60 000 tonnes/an à 500 000 tonnes/an.
Mauvaise répartition des pluies et insécurité
L’espoir fut de courte durée, car les productions ont commencé à chuter après. Malgré que le riz au Mali génère plus de 5% du produit intérieur brut, selon les enquêtes du Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (CSCRP 2012-2017), une grande partie de celui consommé provient d’ailleurs, principalement d’Asie.
Les campagnes agricoles sont de moins en moins satisfaisantes. « De la campagne agricole de 2021, la production céréalière totale est arrivée au résultat de 9 266 073 tonnes », détaille Balla Keïta, directeur de la Cellule de planification et de statistique du ministère en charge du Développement rural. Ce chiffre, a-t-il ajouté, est insuffisant car représente une baisse de 10,5% par rapport à la campagne précédente.
Keïta a évoqué les conditions météorologiques : l’instabilité de la pluviométrie joue sur la production. En plus, il a indiqué que l’insécurité aussi impacte considérablement les résultats des campagnes agricoles, car des milliers de riziculteurs ont fui leurs localités. Ceux qui y sont toujours ne produisent plus assez, ne pouvant pas se rendre au champ sans inquiétude. Les efforts pour arriver à une production suffisante en riz passent par la sécurisation du pays.