Covid-19 : le marché de l’emploi plombé (II)
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Covid-19 : le marché de l’emploi plombé (II)

L’arrivée de la pandémie de Covid-19 a fortement le secteur de l’emploi au Mali.

Cet article a d’abord été publié dans Le Pays.

Au Mali, la Covid-19 a perturbé le secteur de l’emploi. Elle a notamment fermé les opportunités d’emploi pour les jeunes chômeurs. Et plus grave, beaucoup d’employés, en raison de la pandémie, ont été mis en chômage technique. D’autres ont été licenciés. Selon des entreprises, la Covid-19 a changé leur façon de travailler et a ralenti les activités. Et cela s’est fait sentir surtout dans le domaine de l’hôtellerie.

C’est le cas de l’hôtel de l’Amitié, l’un des plus grands hôtels de la capitale malienne, situé en commune III du district de Bamako. Son directeur général, Karim Debbeche, relève que cet hôtel enregistre à peine 20 clients depuis l’arrivée de la Covid-19 contre des dizaines avant.

Motif économique

Face à ces difficultés, la direction a mis au chômage technique 101 employés sur 167. La direction était obligée de s’endetter pour supporter les charges de l’hôtel. « On est en train d’essayer de trouver des arrangements avec la société Énergie du Mali (EDM-S. A), avec l’Institut national de prévoyance sociale (INPS), avec l’État et aussi avec les fournisseurs. Avec moins de clients, on ne pouvait pas tenir », ajoute le directeur. La dernière « dure » décision prise a été le licenciement d’une soixantaine d’employés. « Nous avons été obligés de licencier 66 employés pour motif économique » pour éviter à l’établissement la fermeture.

L’hôtel Radisson Blu, un autre grand établissement hôtelier à l’ACI 2000, quartier d’affaires, en commune IV du district de Bamako, a aussi subi les conséquences de la Covid-2019. Ainsi, 90 employés ont été mis au chômage technique, selon le directeur commercial. D’ailleurs, même ceux qui étaient en activité ne percevaient qu’une partie de leur salaire, avec un temps de travail quelque peu réduit. « En principe, on devrait même fermer parce qu’on a des revenus qui ne parviennent même pas à prendre les charges fixes. Mais avec le temps, cela s’est amélioré », confie M. Sidibé.

Licenciement anarchique

Pour certaines personnes mises au chômage technique, le licenciement s’est fait de façon anarchique. C’est le cas d’Aïchatou Théra, agent à l’INPS, dont la vie professionnelle a été bouleversée par la crise sanitaire. « Les contrats sont toujours valables, mais on n’est pas rémunérés en tant qu’agent d’enrôlement. Je suis à l’INPS, assurée et détient ma carte d’Assurance maladie obligatoire (AMO). Avec l’arrivée de la Covid-19, et ma mise au chômage technique, je n’arrive plus à faire des prestations avec ma carte, puisqu’à partir de 6 à 9 mois on ferme tes droits ». Aïchata s’en sort avec ses contrats dans des agences d’évènementiel.

Du côté des jeunes diplômés sans emploi, la Covid-19 a freiné tous leurs activités. C’est le cas de Bassidiki Kaba Diakité. « C’était très difficile à gérer bien avant la pandémie. C’est encore pire, car tous les petits business que je faisais pour survenir à mes besoins sont arrêtés. Et puis la gestion du gouvernement a encore empiré la situation », explique M. Bassidiki.

Selon l’ONG allemande, Friedrich-Ebert-Stifung (FES), les impacts de la Covid-19 sont énormes, puisque le manque à gagner au niveau des aides budgétaires (dons, programmes) s’étend autour de 67,8 millions de dollars (39,9 milliards de F CFA). Il ressort d’un rapport du Fonds monétaire international (FMI) que la croissance économique pour 2020 avait chuté de 5% à 0,9%.


Cet article a été publié avec le soutien de JDH – Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada.

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