La grève des enseignants a pris fin à la suite d’un accord conclu entre le ministère de l’Éducation et les enseignants, ce samedi 18 mai 2019. Mais l’année scolaire sera-t-elle sauvée ? Un enseignant s’interroge…
L’euphorie suscitée aux premières heures de cet accord a très vite laissé la place à la question qui hante désormais tous les esprits : arrivera – t – on à sauver l’année scolaire ? Sauver l’année scolaire, c’est permettre à tous les enfants du pays d’apprendre en toute quiétude les contenus des programmes d’enseignement et de les terminer dans un temps et un rythme humainement acceptables.
En pleine canicule, avec l’hivernage qui s’annonce rude et la situation sécuritaire de plus en plus pénible dans le centre et dans le nord du pays, le sauvetage de l’année a le goût d’une mission presque impossible. Le gouvernement, pour rassurer les populations et faire bonne impression auprès des partenaires, peut prendre certaines dispositions pour permettre l’organisation des examens. Ce faisant, il ne sauve pas l’année mais sa peau.
Mai, un mois peu propice
Les cours doivent reprendre ce lundi 20 mai 2019. Cela s’annonce difficile parce le mois de mai passe pour être le moment le plus chaud de l’année. « À cause de la chaleur, on a plus envie de dormir que d’écouter les explications d’un enseignant, aussi éloquent soit -il. », écrit un internaute, un élève probablement.
La chaleur de mai inquiète les enseignants aussi : « Généralement, je fais tout pour terminer le programme au plus tard en début mai, c’est un mois durant lequel il est impossible de dispenser des cours. C’est plutôt la période propice pour les révisions », confie Moussa, un professeur de maths. Enfin, le mois de mai coïncide, cette année, avec le ramadan pendant lequel les musulmans s’abstiennent de manger et de boire toute la journée. Tout ceci n’est pas sans incidence sur le temps d’apprentissage.
Hivernage et insécurité
C’est déjà la saison des pluies. Compte tenu de leur lamentable état, peu de nos établissements scolaires peuvent fonctionner pendant qu’il pleut. Pourtant, d’après Mali-météo, l’hivernage s’annonce rude cette année. Une pluie a déjà causé d’énormes dégâts à Bamako, la semaine passée. Au cas où le gouvernement décide de prolonger l’année scolaire, les cours pourraient connaître des interruptions régulières.
Les écoles en brousse et celles construites en paille ne pourront plus fonctionner. Dans certains endroits, les enfants sont mobilisés pour les travaux champêtres pendant l’hivernage et ne peuvent abandonner cette activité au profit de l’école. Enfin, du fait de l’insécurité, plusieurs écoles sont fermées dans le Centre et dans le Nord. Il apparaît donc clairement qu’il est impossible de sauver l’année scolaire au sens du présent article.
Des solutions connues
Comme le Mali n’en est pas à sa première crise scolaire, les solutions préconisées en général sont connues. Pour commencer, le gouvernement peut réajuster les contenus des programmes scolaires à tous les niveaux d’études et ne retenir que le strict nécessaire pour la classe supérieure. Le volume horaire hebdomadaire des matières principales peut être augmenté. Ceci afin de permettre à l’apprenant de concentrer ses efforts sur ce qui lui est utile, essentiel et qu’il aime faire.
Le gouvernement peut songer également à prolonger l’année. Cette mesure n’arrange pas les écoles privées. C’est pourquoi l’année peut être déclarée facultative. Le redoublement au titre de l’année 2019 n’est pas compté dans la scolarité. Ainsi, pour les examens de fin d’années, deux sessions peuvent avoir lieu. Les élèves qui s’estiment prêts passeront la première et les autres passeront la seconde.
Ces mesures, malgré leur inestimable apport pour l’organisation des examens sont insuffisantes quant au sauvetage de l’année. Elles permettent au gouvernement de sauver la face en validant l’année, de donner de l’espoir aux élèves, de faire sourire les parents, de continuer la collaboration avec les partenaires. Mais là s’arrête leur mérite.
C’est doût