Au Mali, depuis quelques semaines, Farabougou est sur toutes les lèvres comme s’il était le premier village malien placé sous blocus par un groupe armé au Mali. Pourtant, plusieurs autres villages ont vécu sous embargo.
Le village de Farabougou, situé dans le cercle de Niono (Ségou), est assiégé par des présumés djihadistes depuis près d’un mois. Malgré l’arrivée de l’armée malienne, qui a apporté une aide alimentaire aux populations, le village demeure sous embargo. Les habitants ne peuvent plus rejoindre leurs champs ou les localités voisines. Ils redoutent une pénurie.
Si la situation à Farabougou a provoqué une onde de choc, notamment en raison du ramdam médiatique, il est important de rappeler qu’il n’est pas le seul village malien à être occupé par des groupes armés, notamment qualifiés de terroristes. De nombreux villages ont été occupés dans les régions du Centre. À Mopti, Kouakourou et Togoré-Koumbe, deux chefs-lieux de commune situés respectivement dans le cercle de Djenné et de Tenenkou, ont vécu sous blocus des mois durant.
Marché abandonné
A Kouakourou, à 39 km de Djenné, l’occupation a duré deux ans. Les occupants avaient bloqué tous les accès, laissant les villageois dans une situation sans précédent. Beaucoup avaient déserté le marché hebdomadaire du village. Un ancien élu de la commune confie que Kouakourou était pourtant très fréquenté avant le blocus : « Les gens venaient de partout pour le marché hebdomadaire. Hélas, depuis l’occupation, Kouakourou a été abandonné. Même après l’occupation, les gens ne viennent plus, craignant toujours de se faire agresser par les groupes armés », regrette-t-il.
Dans la zone exondée, un nombre important de villages ont connu le même calvaire comme Birga en 2018. Ce village situé dans le cercle de Koro aurait été assiégé en 2018 par de présumés éléments de la milice Dan Na Ambassagou.
Moyen de pression
La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), dans un rapport d’enquête publié en novembre 2018 sur les populations prises au piège du terrorisme et du contre-terrorisme dans le centre du Mali, notait que les groupes armés terroristes, dans leurs modes opératoires, utilisent le blocus comme moyen de pression sur les villages pour les contraindre à la soumission.
Ce constat de la FIDH est appuyé par un ressortissant de la localité de Koro dont le village a été assiégé : « Toute la commune de Diankabou dont je suis originaire, qui compte plusieurs villages peul et dogon, a été sous embargo pendant 3 ans. La difficulté que nous avons vécue est indescriptible. Imaginez, même le sel manquait. Les réserves de nourritures épuisées, nous sommes allés jusqu’à manger de l’herbe. »
Récupération politique
« Les villages de Kouakourou, Togoré-Coumbe, Togue-Mourari,Mondoro, Bamba ont tous vécus sous blocus. Mais les médias ont fait silence radio. Aujourd’hui, ils veulent récupérer le cas de Farabougou, empêchent les Maliens de dormir », martèle un internaute.
Tout comme lui, de nombreux autres internautes pensent que le brouhaha médiatique qui a suivi le cas de Farabougou n’est rien d’autre que de la « récupération politique ». « S’ils sont venus pour jouer les top-modèles, qu’ils libèrent le pouvoir », a déclaré un autre internaute intrigué par les clichés montrant le vice-président, Assimi Goita, entouré d’éléments des forces spéciales à Farabougou.
La liste de villages qui ont subi un blocus par des groupes armés est longue. Il revient à l’État malien d’accorder la même attention à tous et ne pas donner l’impression d’un traitement de faveur dans les réponses apportées aux défis sécuritaires.