« Je suis au Cameroun uniquement, exclusivement, essentiellement, nécessairement pour les intérêts de la République française » sont, entre autres, ce qu’on entend dans une vidéo d’un peu plus de cinq minutes. Attention, il s’agit d’un « deepfake », une technologie d’intelligence artificielle de manipulation en ligne.
La vidéo, disponible ici sur la page Facebook d’un web-activiste nommé « AMARA Bathily page », comptabilise des milliers de vues et de partages, en plus d’une centaine de commentaires. Plusieurs utilisateurs ont attiré l’attention de l’auteur de la publication sur le caractère manipulateur de la vidéo.
Une vidéo « deepfake »
En visionnant la séquence, on remarque que le mouvement des yeux et des lèvres de l’intervenant ne sont pas conformes avec ce qu’on peut entendre. Il y a un décalage entre le mouvement de ses lèvres, yeux et ce qu’il dit. On remarque aussi qu’il n’est pas possible de voir sa dentition. Des éléments qui permettent de savoir qu’il s’agit d’une fausse vidéo.
Aussi, en bas de la vidéo à gauche, le collage « Incroyable » masque en réalité le nom de l’application mobile qui a servi à fabriquer la vidéo. Ici, on peut voir le nom de l’application de trucage entouré en rouge.
Le deepfake est une technologie permettant de faire dire ce qu’on veut à une image. Elle est surtout utilisée dans le cinéma. En aout dernier, Alexandre Capron, spécialiste en matière de lutte contre la désinformation en ligne, nous avait accordé une interview sur le phénomène. Il a expliqué ses origines et comment reconnaitre un deepfake. La vidéo est disponible sur notre page Facebook.
Une ancienne vidéo
Une recherche inversée d’image avec une capture d’écran de la vidéo nous conduit à un article de LesObservateurs. On y apprend que la vidéo a fait le tour des réseaux sociaux au Cameroun en juin 2020. À l’époque, elle avait été vérifiée par la rédaction des Observateurs, l’équipe de France 24, qui s’occupe de la lutte contre la désinformation en ligne.
À la fin de la vidéo, entre 4mn 57 et 4mn59, on entend : « Bien sûr, je parle en deepfake ». Une preuve de plus dire qu’il s’agit d’un montage.