Le cercle de Macina a été victime de perturbations sécuritaires il y a quelques années de cela. Le bruit continue à courir qu’il serait toujours dangereux. Il n’en est rien pourtant, selon des jeunes rencontrés.
« Nous avons du mal à avoir des clients. Les fournisseurs ont peur d’amener les marchandises, prétextant qu’il y a de l’insécurité à Macina », s’agace Mai Niangadou, commerçant.
En effet, ce constat amer est soutenu par nombre de personnes. « Les agents de la banque refusent de venir à Macina à cause de ce qui se dit, alors qu’ils y venaient chaque semaine ». Ces propos sont d’un autre habitant, Mamadou Nango Coulibaly, qui lui est fonctionnaire.
Manque d’opportunité pour les jeunes
La majorité de la population de Macina est jeune. Ils sont, pour la plupart, diplômés sans emploi ou formés dans des domaines d’activité bien spécifiques dont ils peuvent bien tirer profit. Certains sont mécaniciens, d’autres tailleurs, soudeurs, plombiers, menuisiers, etc. On en trouve qui sortent des Instituts de formation professionnels, des universités avec des connaissances pouvant apporter un plus à Macina.
L’agriculture est l’activité principale du cercle. Boubacar Compaoré, après des formations en agronomie, a toujours voulu mettre ses connaissances en pratique pour le développement de cette activité.
Mais tout ce qui se dit et s’écrit à propos de l’insécurité à Macina font qu’il a du mal à se faire des partenaires pour développer son business. « J’ai contacté plus de cinq partenaires financiers, qui m’ont chacun dit qu’ils ne pouvaient pas m’accompagner à cause de l’environnement sécuritaire. J’ai beau leur expliquer que Macina est calme et qu’ils ne risquaient rien, ils n’ont rien voulu savoir », confie-t-il tristement.
« An ban dia très bien »
« Oui, Macina a été attaqué il y a quelques années de cela. Oui, des malentendus ont eu lieu entre certaines communautés mais tout cela est loin derrière nous », explique Lamine Diallo, éleveur et habitant de la ville.
Lamine ajoute qu’il vit en paix dans la ville avec sa famille et qu’il vaque tranquillement à ses occupations. « Ceux qui ne sont pas à Macina ne peuvent pas comprendre. Nous ne leur en voulons pas. Mais nous pouvons les rassurer que la paix est là. Pourquoi serions-nous ici si la localité était si dangereuse ? » Il va plus loin en expliquant que même à Bamako, l’insécurité règne.
Nous sommes un samedi. Un match de foot oppose deux équipes de la localité. Les tribunes sont dominées par une importante présence juvénile. De l’animation, des cris de supporters à chaque jeu spectaculaire. C’est l’euphorie chez Boubacar, la trentaine : « Kôrô, paix dron de ban fè yan, an ban dia très bien » (« grand-frère, il ne règne que la paix ici. Nous vivons à l’aise »). Son ami Karim abonde dans le même sens en confiant qu’ils seront d’ailleurs en boite cette nuit, « car chaque samedi soir, c’est la fête ».
Juste à deux pas du stade, se trouve le marché de la ville. Bien que le soleil soit accablant, il est bondé de monde. Des gens de la ville et d’autres venus des localités voisines sont là. Des voyageurs à dos d’âne, des charretiers, etc. « Dès qu’on quitte ici, je dois faire un tour au marché, car j’ai besoin d’un nouveau pantalon », explique Karim qui n’a pas oublié la sortie en boite prévue la nuit.