Regards négatifs, actes de dédain, discours réducteurs, croyances négatives, préjugés : c’est le lot des personnes en situation de handicap dans la vie de tous les jours.
Entres préjugés tenaces, jugements réducteurs et actes de discrimination, le parcours des personnes en situation de handicap est fait de peine et de souffrance intérieure. Derrière chaque handicap, il y a tout un vécu, des histoires tristes à raconter et à vivre au quotidien. Plutôt qu’un défi humain surmontable, le handicap est perçu comme un frein, une incapacité. La société réduit la personne à son handicap : un fardeau pour la famille, la communauté, dépourvue d’autonomie ou de potentialité productive. Le handicap engendre ainsi honte, pitié et rejet au sein de la communauté.
Le handicap est considéré comme tout sauf une différence d’apparence qui doit être reconnue, acceptée, intégrée, valorisée et non jugée, exclue. Naître handicapé dans notre société peut valoir d’être soit délaissé ou surprotégé. Délaissé parce que demandant du temps, de l’énergie, de l’accompagnement pour être intégré dans la société. Surprotégé, cloisonné dans le cercle familial pour échapper aux regards déplaisants, aux dangers réels, à la pitié qui en dit long sur la perception de la société. Une surprotection qui amène l’entourage à ne pas laisser le sujet handicapé aller à la découverte de la vie, à la recherche des opportunités. Elle confine à l’isolement.
Vivre dans l’exclusion
Parce qu’elles sont amenées à vivre loin des opportunités (possibilité d’apprendre, de s’instruire) d’ascension, des personnes en situation de handicap se retrouvent majoritairement dans des conditions de misère. Celles qui font le choix de se battre contre vents et marées pour affronter les défis de la vie rencontrent tant d’obstacles sur leur chemin. Boubacar C., la trentaine, est aujourd’hui quincailler à Kalaban-coro. Courageux et tenace, il s’est montré déterminé face aux tentatives de découragement de ses proches. Il a décroché le Diplôme d’études fondamentales, après avoir obtenu le CFEPCEF. Mais il a dû abandonner au lycée à un pas du baccalauréat parce que « les conditions devenaient si dures », témoigne-t-il. Handicapé moteur, les conditions d’études sont devenues très épuisantes pour lui.
Viviane N., elle, également handicapée motrice, a eu la chance d’être issue d’une famille financièrement aisée. Elle a pu suivre des études universitaires dans le domaine de la finance-comptabilité. Après avoir vécu de tristes expériences à la recherche d’emploi, ses parents ont voulu la faire intégrer une entreprise par les relations dont ils disposaient. « Non, ai-je dit. Je ne veux pas d’arrangement ni de pitié. Je réussirai ou non par mon propre mérite. » Viviane nous raconte qu’une fois, un recruteur lui a sans filtre dit en face qu’il ne pourrait la recruter à cause de son handicap. « Sans même prendre le temps de me voir et m’apprécier à l’œuvre, alors que j’ai effectué des stages ailleurs et reçu les félicitations de mes anciens collaborateurs », lâche-t-elle, non sans larmes aux yeux. Aujourd’hui, Viviane tient une grande boutique de produits cosmétiques à son propre compte.
Vie sociale
La vie sociale des personnes handicapées est faite de dédain, d’abus et de violence. Elles sont nombreuses à finir par se marier entre elles ou encore sont données en « mariage arrangé ». Les handicapées mentales, quant à elles, sont le plus souvent abusées sexuellement et délaissées, traînant avec elle des enfants à cause entre autres de préjugés qui font croire que coucher avec des personnes handicapées procure de la richesse. Des personnes albinos, surtout enfants, sont victimes de crime en raison des croyances traditionnelles qui lient des vertus mystiques à leur sang ou cheveux.
Les préjugés et stéréotypes autour du handicap ont fini par réduire le sujet porteur à sa seule déficience, quand ils ne mettent pas leur vie en danger. La société doit travailler à favoriser l’inclusion des personnes handicapées et à leur garantir sécurité et protection. Les défis sont nombreux. Chaque être humain mérite de vivre dans l’épanouissement.