Le blogueur Elias Ahmed Zoubir appelle à sauver la démocratie malienne menacé par la « waricratie » (« le pouvoir de l’argent ») sur laquelle mise l’establishment.
Deux sinistres spectres planent sur le Mali. D’une part, le « djihadisme » fait reculer la République, prend en otage ses institutions et les personnalités qui les incarnent. Le maintien en otage du chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé, est une énième défaite infligée au Mali. D’autre part, la « waricratie » (« le pouvoir de l’argent ») compromet dangereusement le pouvoir du peuple (la démocratie).
Ces deux phénomènes se nourrissent l’un de l’autre. Et ils finiront par porter au sommet de l’État, ce que l’ancien Premier ministre Moussa Mara craint : « un trafiquant de drogue ou un obligé de trafiquants de drogue ! ». Dans la mesure où, « au Mali, on peut bénéficier de fonds de malfaiteurs de tous acabits et mener tranquillement campagne, voire gagner l’élection présidentielle, sans que personne ne se pose la question des sources de financement. »
Se mobiliser contre l’establishment
L’establishment est sur le pied de guerre comme nous pouvons le constater dans les communes 1 et 4 ou encore à Kolondiéba. Des intérêts de classes à sauvegarder et des hommes d’affaires cherchant à s’immuniser contre toute poursuite pendant quelques années pour, ensuite, revenir et acheter leurs sièges dans l’Assemblée nationale pour quelques années supplémentaires tel un cercle vicieux.
Comme en 2007, dans la commune IV du district de Bamako, l’establishment ne veut rien lâcher. Les revoilà tous mobilisés contre les femmes et hommes crédibles et compétents. Les mêmes visages (les professionnels de la politique en alliance avec les hommes d’affaires) ; les mêmes usages (les achats de votes et de consciences). Le projet est clair : faire échec au changement et au renouvellement des idées et des pratiques politiques.
Choisir les hommes porteurs de progrès
La démocratie malienne est devenue déshumanisante. On achète la liberté et la dignité des électeurs comme on achète du bétail : on qualifie les électeurs de « bétail électoral ». Nos peurs et nos espoirs se jouent en même temps. Dans ces circonscriptions, l’exigence de transparence fait face à l’arrogance de l’argent. D’un côté, on offre un avenir mais de l’autre on achète un présent. Quand le candidat de l’argent veut combler par les billets de 2000 FCFA, le vide son offre politique, le candidat des idées et des projets politiques rappelle ce principe : « les citoyens sont à convaincre et non à vendre. »
Le second tour oppose dans ces circonscriptions des hommes de progrès, qui se sont engagés en politique pour servir, aux entrepreneurs politiques qui cherchent à se servir à travers des accès à des ressources publiques.
Renouveler la classe politique
La politique malienne souffre de la médiocrité des gouvernants et des leaders politiques. Le recul de la République, du Nord au Centre face à la poussée djihadiste et le désenchantement démocratique devant le poids de l’argent partout sur le territoire, illustre la faillite de la classe politique. La génération du mouvement démocratique est à bout de souffle mais s’accroche. Pourtant, jusque-là, elle n’a pas été capable d’offrir aux Maliens et aux Maliennes des services publics de qualité.
Le renouvellement de la classe politique ne s’exprime pas en termes d’âge mais de pratiques politiques. Des acteurs politiques arrivent tant bien que mal à se démarquer. Ils sont convaincus que les citoyens Maliens méritent mieux et travaillent pour leur offrir un meilleur avenir. Et ils sont l’ultime rempart contre le « djihadisme » et la « waricratie ». Plus que jamais, « Gardez votre argent, nous voulons le changement. »
- Les opinions exprimées dans cet article ne sont pas forcément celles de Benbere.