Livre : et si on relisait «L’État au Mali » de Moussa Mara ?

Au Mali, l’État est en crise et tout le monde le sait. Mais comment en est-on arrivé là ? Le blogueur Dramane Traoré a relu le tome I de « L’État au Mali » de Moussa Mara, publié en 2010, qui nous donne des pistes d’explication.

En 2010, le Mali faisait le bilan de ses cinquante ans d’indépendance.  A l’époque, pendant que les autorités proposaient aux Maliens défilé militaire et exposition d’armes de guerre pour célébrer l’événement, Moussa Mara, expert-comptable, ancien maire (commune IV du district de Bamako) et leader du parti Yèlèma (« Changement »), publiait le premier tome du livre intitulé « L’État au Mali ». Le livre porte les contours de l’’Etat, sa mission, son organisation et son fonctionnement.

Sur la quatrième de couverture, l’éditeur qualifie le livre de « véritable mine d’or pour les usagers, (qui) sera aussi d’une grande utilité pour tous (étudiants, chercheurs, responsables de secteurs publics, acteurs du secteur privé et de la société civile…) et en particulier ceux, fonctionnaires ou politiques, qui ont la lourde tâche de représenter l’État ».

Construction progressive de l’État

Dans sa préface, Modibo Keita ( ancien Premier ministre d’Alpha Oumar Konaré, qui succèdera à Moussa Mara à la primature sous « IBK »), donne le ton dès les premières lignes de l’ouvrage en comparant celui-ci à « un grenier sorti des mains passionnées ou une montagne laissant s’écouler sur tous ses versants des eaux de pluie, à la fois froides et chaudes. » Parce que l’œuvre de Moussa Mara a le mérite de livrer une impressionnante quantité d’informations se rapportant à l’histoire précoloniale, coloniale et postcoloniale du Mali.

Elle s’intéresse aussi à la construction progressive de l’État, aux mutations politiques, économiques et socio-culturelles survenues, aux configurations successives de l’architecture administrative. On y retrouve les politiques publiques (cadre stratégique et politiques sectorielles), les services publics et leurs missions ainsi que plusieurs textes de loi, décrets et ordonnance qui scellent les relations entre autorités et citoyens.

Débat sur les questions d’intérêt national

Moussa Mara ne s’est pas contenté de présenter des faits ou des documents concernant l’État au Mali. Il propose des pistes, dans un style argumentatif assez original et plaisant, pour améliorer l’existant. Il fait passer tout au tamis et à la lumière de l’époque-ci, essaie sans hésitation d’expliquer les choses comme elles sont et auraient dû être.

En outre, le livre fait ressortir l’inadéquation de certains cadres réglementaires, les insuffisances de l’administration publique, les défaillances des citoyens maliens, les raisons de la persistance de certains fléaux tels que la corruption, le népotisme et leur incidence sur le rendement de l’appareil administratif ainsi que sur la cohabitation entre Maliens. Pourquoi relire ce livre aujourd’hui ? Le préfacier, Modibo Keïta, est on ne peut plus clair : « La vision qu’exprime Moussa Mara, le ton qu’il emprunte en certains passages, ses prises de positions, ses propositions ne manqueront pas de susciter des réactions et c’est en cela que réside l’un des intérêts majeurs de son livre ».