In memoriam : la mort de Niamanto Diarra, « une grande perte »
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In memoriam : la mort de Niamanto Diarra, « une grande perte »

C’est notre collègue et ami Daouda Sangaré, professeur à l’université d’Abidjan, qui m’a appris le décès de professeur Niamanto Diarra. Ce fut un moment triste et douloureux pour moi. Ce fut aussi, j’en suis sûr, un moment triste et douloureux pour le doyen de la Faculté des sciences et techniques de Bamako. Triste pour ses professeurs et leurs étudiants, particulièrement triste pour le département mathématique et informatique où Niamanto Diarra a travaillé jusqu’à la retraite. La mort de Niamanto est une grande perte.

Certes tout homme doit mourir un jour, mais en ce monde ici-bas les morts n’ont pas le même poids. La mort d’un tyran, d’un dictateur, d’un chef d’État ou même d’un président de la République qui malmène ou opprime son peuple pèse moins lourd qu’une plume de poulet. Mais la mort de Niamanto pèse plus lourd que les collines de Koulouba et de Badalabougou réunies. Avec la disparition du Pr Niamanto, un baobab en mathématique vient de se coucher, et comme dirait le sage Amadou Hampaté Ba c’est toute une bibliothèque de sagesse, de conscience sociale et d’humilité qui a brulé, ce 20 janvier 2023, sous nos yeux.

J’ai connu Niamanto Diarra en 1956, un an mon ainé, au cours normal de Banankoro à une quinzaine de kilomètres de Ségou, sur la route de Markala. Tout bleu que nous étions en 6e année, tous les professeurs qui venaient nous visiter donnaient Niamanto Diarra en exemple comme un élève discipliné et studieux. Niamanto était premier dans toutes les matières fondamentales (mathématique, physique, chimie, science naturelle, histoire, géographie…). Même en sport il était toujours dans les trois premiers. Son sport favori était le volley-ball et personne ne voulait se trouver en face ou contre lui, car son smash foudroyant de la main gauche a déjà assommé l’étudiant le plus gros et plus grand du cours normal de Banankoro.

En 1959, Niamanto obtient son brevet élémentaire avec mention Très bien. Il fut admis aussi au concours pour le cycle supérieur de l’école normale à Sébicotane, au Sénégal. En 1960, je devais le rejoindre aussi à mon tour à Sébicotane, mais l’éclatement de la Fédération du Mali obligea Niamanto à revenir à Bamako au lycée Terrasson de Fougères (actuel lycée Askia Mohamed). Là-bas, il passa brillamment son bac et obtint une bourse pour la France à l’université de Caen. Très gros travailleur, il gravit licence, maitrise, DEA et commença une recherche intense en arithmétique. Il obtint de très gros résultats. Mais il n’a pas pu présenter sa thèse, parce que ses résultats ont été publiés par son professeur sans mentionner son nom. Dépité, il rentra alors au Mali, à l’École normale de Bamako où il bénéficia d’une bourse UNESCO et obtient une thèse brillante en algèbre. Dès lors, il enseigna tour à tour à l’École normale de Bamako puis à  l’université de Bamako. Appelé par le ministre Thierno Diarra comme conseiller au ministère de l’Éducation nationale, il révéla des qualités d’homme d’État et finit par être nommé aussi ministre dans le gouvernement de Moussa Traoré.

Niamanto Diarra nous a quitté, je le répète, c’est une très grande perte pour la nation toute entière. 

Dors en paix Pr Niamanto DIARRA. Que la terre te soit légère.

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