Dans ce témoignage tiré du rapport de l’ONG HiiL, Oumar raconte avoir payé trois parcelles mais s’est finalement retrouvé avec une seule. Pour entamer une procédure judiciaire contre le propriétaire, il a fallu contacter Demeso tellement il ne fait que peu confiance à la justice.
« J´ai acheté deux parcelles avec un propriétaire de terre dans une banlieue de Bamako. Après paiement, les documents de vente ont été dûment signés par moi-même, le vendeur et un témoin. Pendant que j´attendais que les titres de propriété officiels me soient délivrés, j´ai donné de l´argent au témoin pour creuser 2 puits sur chacune des parcelles.
Malheureusement, il n´en creusa qu´un seul. Par conséquent, quand les titres de propriété sont arrivés, une seule parcelle m´a été attribuée. Il s´est trouvé que mon deuxième lot a été vendu à quelqu’un d´autre par le beau-frère même du propriétaire. Mon témoin également étant brusquement décédé, il ne restait rien prouvant que j´étais le propriétaire de la deuxième parcelle. Quand je me suis plaint auprès du vendeur, celui-ci m´a répondu tout simplement que je devrais me contenter de la parcelle que j´avais.
Je voulais trouver une solution au problème. Pour ce faire, je suis allé voir quatre fois l´ancien chef de village et deux fois le nouveau, après le décès du premier. Sans succès. Je ne suis pas allé directement à la justice ou à la police. Par contre, j´ai contacté la gendarmerie par hasard parce que mon voisin actuel m´y avait convoqué pour une autre affaire. Le gendarme avait alors convoqué le propriétaire qui m´a vendu la parcelle. Ce dernier a alors confirmé devant le gendarme m´avoir bien vendu deux parcelles. Malgré sa confession, la gendarmerie n´a rien pu faire pour m´aider.
Je n´avais pas voulu convoquer le propriétaire dès le début à la police ou devant les tribunaux parce qu´au Mali, il est très mal vu de convoquer quelqu´un devant la justice, sauf s´il n´y a pas d´autre choix. À la fin, j´ai dû contacter Demeso il y a deux ans pour entamer une procédure judiciaire. Mais je reste très discret là-dessus et n´en parle à personne. Ladite procédure suit son cours, discrètement. Les problèmes fonciers sont très fréquents au Mali. La justice est lente et compliquée. Donc les problèmes demeurent non résolus. J´ai même entendu parler de cas où les plaignants ont été obligés d´abandonner les poursuites parce que leurs chances de gagner étaient minces, sinon inexistantes ».
Retrouvez ici le rapport complet
Besoins et satisfaction en matière de justice au Mali 2018