Amadou Haya Sanogo et ses co-accusés ne seront pas jugés par la justice malienne dans l’affaire de l’assassinat des 21 bérets rouges, après 7 ans de procédure judiciaire. L’annonce de la décision a suscité une vague d’indignation sur la twittosphère malienne.
Les juges de la Cour d’appel de Bamako ont annoncé, le 15 mars 2020, l’abandon des poursuites dans l’affaire dite des « 21 bérets rouges », impliquant Amadou Haya Sanogo, qui a dirigé le coup d’État du 22 mars 2012, et plusieurs autres de ses compagnons.
Cette affaire, qui a connu plusieurs rebondissements, se termine en beauté pour les accusés. Le motif avancé par la justice est la loi d’entente nationale, qui prévoit l’amnistie pour des auteurs d’un certain nombre de crimes, dans le cadre de la réconciliation nationale.
#Mali : l’ex-putschiste Amadou Haya Sanogo ne sera pas jugé#Sanogo https://t.co/NO8Qx8JAct
— Jeune Afrique (@jeune_afrique) March 15, 2021
#Mali: La justice ordonne la libération de Amadou Haya Sanogo et coaccusés dans l’affaire de l’assassinat de 21 béret rouge. Elle s’est basée sur la loi d’entente nationale et le protocole d’accord signé entre le gouvernement et les victimes
— Kassim Traoré (@KassimTraor1) March 15, 2021
L’État de droit mis à mal
Sur Twitter, les réactions n’ont pas manqué. Pour certains utilisateurs maliens du réseau social à l’oiseau bleu, c’est la preuve que l’impunité est totale au Mali. L’abandon des charges contre Amadou Haya Sanogo, pour ces twittos, sonne le glas de l’État de droit : « Il ne faudrait pas s’étonner qu’il y ait encore des coups d’État au Mali, qu’on tue, assassine sans risque d’être inquiété ».
Cette libération sonne le glas de la fin de l’état de droits. Plus personne ne mérite encore d’être prison avec cette impunité totale. Avec l’ extinction de l’action publique, c’est la paix sociale qui est durablement entamée. Ni paix ni réconciliation https://t.co/5iYQQeRonA
— Oumar Samake (@OumarSa63518845) March 15, 2021
Voilà comment on cautionne l’impunité. Aller s’étonner que demain il y ait encore des coups d’État au Mali, qu’on tue, assassine sans risque d’être inquiété ! Ainsi va le Mali😡
Mali : l’ex-putschiste Amadou Haya Sanogo ne sera pas jugé via @jeune_afrique https://t.co/mT6WQ7yGJ6— SHANGOLT (@shangolokohotum) March 15, 2021
Y’a -t-il une justice au Mali ?
21 bérets rouges tués par la bande à Amadou Haya Sanogo, des femmes violées etc. Avec un passé glorieux, aujourd’hui le Mali est dirigé par les criminels, les religieux mafieux, les comédiens qui prétendent représenter un peuple. pic.twitter.com/3T6MetqPCl— Boureima Diarra (@DiarraBoureima5) March 14, 2021
Un coup d’État comme seul mérite
Amadou Haya Sanogo, avec ses 4 étoiles, fait partie des généraux les plus gradés du Mali. Certains l’ont rappelé en indiquant qu’il n’a pour seul mérite qu’un coup d’État. Il dirigeait en 2012, pour rappel, la junte qui a mené le coup d’État contre Amadou Toumani Touré.
Blanchit par la « justice », le général(4⭐️) Amadou Haya Sanogo est le militaire le plus gradé en service dans l’armée malienne, et le 2ème de toute l’histoire de l’armée après GMT et ATT (5⭐️).
Son mérite : un coup d’état militaire et des… #Mali pic.twitter.com/FGP3ltTLS5
— Boubou SIDIBE (@boubou_le_prof) March 15, 2021
Voilà comment on cautionne l’impunité. Aller s’étonner que demain il y ait encore des coups d’État au Mali, qu’on tue, assassine sans risque d’être inquiété ! Ainsi va le Mali😡
Mali : l’ex-putschiste Amadou Haya Sanogo ne sera pas jugé via @jeune_afrique https://t.co/mT6WQ7yGJ6— SHANGOLT (@shangolokohotum) March 15, 2021
Aminata Soumaré, une femme qui a fait parler d’elle dans les médias ces derniers jours, accuse Amadou Haya Sanogo et ses co-accusés de l’avoir séquestrée et violée. Des accusations que rejette l’un des avocats de Sanogo, Me Tiessolo Konaré. Aminata Soumaré a annoncé qu’elle saisira la justice internationale.
Viol-VBG-Justice. « J’ai été élevée, séquestrée, violée pdt des mois par les putschistes ». C’est Mme Aminata Soumaré qui accuse ainsi la junte de 2012. Elle réclame justice ce d’autant que lla oi d’entente ne couvre pas les cas de viol. On n’entend pas ceux qui sont contre les VBG
— tiegoum maiga (@algayta) March 14, 2021
Solidarite avec Mme Aminata Soumare!!
On ne se reconnais pas dans cette decision de l’Etat #Malien
Les victimes ont ete ignorees!!!
La Justice Malienne nous degoute! #ImpinuteMali
HONTE A VOUS@PresidenceMali @GoitaAssimi @MoctarOUANE_PM @cntmali @Justice_Mali pic.twitter.com/WlYehGOEqF
— Aidons le peuple a Construire le MALI (@AidonsM) March 15, 2021
#Mali: La chambre d’accusation vient de décider de la mise en liberté provisoire du général Amadou Haya Sanogo et ses coaccusés.
Écoutons les explications de Maître Tiessolo Konaré à sa sortie d’audience. pic.twitter.com/UUuLz1H16j— kunafoni.com (@ikunafoni) January 28, 2020
Un goût d’inachevé
La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), dans un communiqué datant du 12 mars 2021, s’était réjouie de la reprise du procès d’Amadou Haya Sanogo et ses coaccusés. Elle avait appelé au respect des droits fondamentaux des accusés, du délai de détention provisoire ainsi que de l’observance du principe de la présomption d’innocence et des droits de la défense.
Après l’annonce de l’abandon des charges contre Amadou Haya Sanogo et ses compagnons, le président de la CNDH, Aguibou Bouaré, a exprimé la déception de sa structure. La justice, dit-il, a été empêchée de fonctionner. Il a terminé en soulignant que fort heureusement les plans de recours au niveau national et international subsistent.
#Mali Procès Amadou Haya Sanogo : La CNDH dit Non à l’impunité ! Bamako Mali https://t.co/gu1F6DH5Cy via @Malijetactu
— Malijet (@Malijetactu) March 15, 2021
#Mali 🇲🇱 « Nous avons un sentiment de déception »
► De son côté, la Commission nationale malienne des droits de l’homme déplore cette décision
🎧 Aguibou Bouaré, président de la CNDH#RFIMatin pic.twitter.com/jCmJtS0Wcj
— RFI Afrique (@RFIAfrique) March 16, 2021
Partie remise ? Affaire classée ? L’avenir nous le dira.