Célèbre artiste musicien malien, Afel Bocoum a présenté son nouvel album « Lindé », vendredi 2 juillet dernier, lors d’un concert à l’Institut français du Mali et I4Africa (Instruments 4 Africa). Retour sur cette soirée inoubliable pour l’artiste et ses fans.
A Bamako, le 2 juillet 2021, la Place de l’Indépendance brille de mille feux. Pendant que certains usagers se précipitaient à rentrer, d’autres cherchaient à rejoindre au plus vite l’Institut français du Mali, situé à quelques pas du monument. Le froid se lit sur les visages des usagers. La veille, une grande pluie a arrosé la capitale malienne.
À 20 h déjà, beaucoup de motos sont stationnées dans le parking externe. Des voitures sont garées le long du goudron. Une équipe de contrôle est installée à l’entrée dont deux policiers en tenue noire, munis d’armes et de gilets. L’espace entre la bibliothèque et la salle de spectacle est envahi par une foule de visiteurs. Certains assis en petit groupe discutent, rigolent en attendant.
Quelques minutes plus tard, on rejoint la salle de spectacle sur présentation de ticket. Afel Bocoum apparait sur le podium. Il est vêtu en bazin de couleur marâtre, turban noir enroulé au cou, lunettes aux yeux, guitare en bandoulière. Le virtuose est accompagné par une dizaine de personnes. Le groupe est vivement ovationné, avant de procéder à la présentation du nouvel album de l’artiste musicien malien, compagnon du légendaire Ali Farka Touré
@AfelBocoum était en concert à @IF_Mali, le vendredi 2 juillet dernier, pour présenter au public #mali-en son nouvel #album #Lindé.
Une séquence de sa chanson dédiée au caractère indivisible de notre pays. @BenbereM @Doniblogmali @sahelien_com @abdoulayekn1 @AlyBocoum9 pic.twitter.com/4K8Mo9149D
— Sagaïdou BILAL (@Sag_Bi) July 5, 2021
Rencontrer les Maliens
Sorti en septembre 2020, Lindé est composé de onze titres. « De véritables suppliques qui font appel à l’espoir et à l’unité, dans une région qui est ravagée par la famine, les rébellions contre le gouvernement central, le djihad, la pauvreté et les guerres tribales qui ont peu à peu mis son pays à genou », commente Thierry Duphin, programmeur musical de l’émission Afrique Enchantée chez France Inter.
Depuis la sortie de l’album, c’est le premier rendez-vous de l’artiste avec le public malien en raison de la pandémie de Covid-19. Pendant deux heures, Afel Bocoum et son groupe ont tenu en haleine le public venu découvrir son nouveau « chef-d’œuvre ». Du blues du Niger à l’afrobeat, en passant par le reggae, Afel Bocoum fait dialoguer les langues et les cultures maliennes, chantant tour à tour en fulfuldé, sonhraï, bamanankan et bomou.
Lindé, nom d’une étendue sauvage près de Niafunké où le jeune Afel et ses amis d’enfance partaient chasser, se veut un album qui relie les Maliens et les reconnecte à leurs traditions musicales. « L’objectif réel de cette soirée est de mettre en valeur les instruments traditionnels en voie de disparition. Mais aussi rencontrer les Maliens avec la musique, surtout que cela fait longtemps que nous ne jouons plus sur scène, a expliqué l’artiste. Tout a été composé pendant la Covid-19. Il fallait venir ici pour faire découvrir ce que nous sommes en train de faire depuis un certain temps ».
« Ce pays est beau, il faut qu’on le préserve à tout prix »
Outre ses remerciements et vœux à ses fans venus nombreux, il invite à croire beaucoup en notre Mali. « On ne s’est pas noyé. On est là et on va vivre. Ce pays est beau, il faut qu’on le préserve à tout prix », exhorte-t-il. Pour Bocoum, les nouvelles générations doivent s’accrocher et essayer d’être davantage créatives. « Le Mali, c’est un pays de culture. Nous avons de la matière », encourage l’artiste de renom. Avant de conseiller aux jeunes artistes de ne pas se presser et composer des chansons pour juste faire danser : « C’est bien de faire danser les gens, mais il faut véhiculer aussi des messages ».
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Aussi, faut-il le rappeler, les premières ventes des disques ont lieu au cours de cette soirée. Dans la salle, deux disques sont vendus aux enchères : l’un à 30 000 francs CFA et l’autre à 55 000 francs CFA. Les acquéreurs ont reçu l’album des mains de l’artiste, avec une dédicace spéciale.
C’était une soirée inoubliable pour beaucoup de gens que nous avons approchés. « C’était vraiment magnifique. Il nous a offert un bon concert en plus d’un bel humour », témoigne Aminata Thiam, une jeune spectatrice, à la fin du concert.
Malgré les difficultés liées à la Covid-19, Afel Bocoum projette de faire une tournée internationale en septembre en Asie, en Europe et aux États-Unis. «Je crois qu’on va reprendre bientôt notre chemin », ironise le virtuose du blues.