Mali : Nioro du Sahel ou Qom malien ?
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Mali : Nioro du Sahel ou Qom malien ?

Depuis 2012, écrit Wamseru A. Asama, les décisions importantes concernant l’avenir sont prises à Nioro du Sahel, ville dans la région de Kayes, qu’il compare à Qom. E Iran, du temps de Khomeiny, cette ville avait pris la place de la capitale, Téhéran. Les jeunes officiers de la junte, s’ils ne peuvent pas ignorer le Chérif de Nioro, iront-ils jusqu’à lui être soumis ?

Connaissez-vous Qom ? La réponse est certainement non pour la plupart des jeunes maliens qui ont eu à manifester à l’appel du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Alors, sachez que Qom est une ville sainte iranienne où ont eu lieu les premières secousses de la révolution iranienne.

En effet, en juin 1963, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny y prononce un discours enflammé contre le régime impérial du chah Mohammad Reza Pahlavi, les États-Unis et Israël. Un an plus tard, il récidive : dans un sermon prononcé de sa maison, Khomeiny s’insurge cette fois contre une nouvelle loi accordant l’immunité diplomatique au personnel militaire américain en Iran. Le parlement « a rendu la nation iranienne plus vile que des chiens américains !, lâche-t-il. Nous ne reconnaissons pas ce gouvernement, ce sont des traîtres ».

 « Choux gras de la presse »

Quelques années plus tard, avec le cumul de toutes les frustrations, dont l’humiliation du peuple iranien, une révolution citoyenne renversa la monarchie et Khomeiny qui était en exil fit un retour triomphant au pays. Il s’installa à Qom. Bien que Téhéran demeurât la capitale politique et économique de l’Iran, les décisions importantes se prenaient à Qom.

Sans comparer le Mali à l’Iran et encore moins le fils du Cheick Hamallah à l’imam Khomeiny, nous pourrons dire que depuis un certain moment, et surtout depuis 2012, on a comme l’impression que les décisions importantes concernant l’avenir du Mali se prennent à Nioro du Sahel.

La complicité du capitaine putschiste Amadou Haya Sanogo avec le chérif de Nioro, le soutien à Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK » de ce même Chérif en 2013, la mise en liberté provisoire sans jugement du putschiste, les présumées diverses interventions du Chérif dans des élections ou dans la formation des gouvernements depuis 2013, le renvoi ou le maintien d’un premier ministre à son poste font régulièrement les choux gras de la presse malienne.

« Nioro avait pris la place de Bamako »

Ces dernières semaines, le Chérif de Nioro, Mohamed Ould Checknè, dit « Bouyé », a été très sollicité : visite des notabilités du Nord, visite du premier ministre, visite de l’ « autorité morale » du M5-RFP, sans compter les visites secrètes. Il faut souligner que même après la formation d’un gouvernement à minima, un des ministres se serait rendu auprès du Chérif de Nioro au lieu d’assister au premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement. Avant le 18 août 2020, date de la démission du président « IBK », on avait comme l’impression aussi bien chez les tenants du pouvoir que chez les animateurs de l’opposition M5-RFP que Nioro avait pris la place de Bamako. Comme en Iran à l’époque de Khomeiny, Qom avait pris la place de Téhéran.

Tout ce beau monde allait, semble-t-il, solliciter du Chérif Bouyé des bénédictions, en tous cas, de l’aide, de l’appui pour la résolution de son problème. Comment le Chérif de Nioro gérait-il toutes ces opinions qu’il recevait et qui étaient pour la plupart antinomiques ? Ceci est le secret du « sage de Nioro » ! Mais, qu’en sera-t-il désormais ? Les jeunes officiers, bien que ne semblant pas avoir des accointances avec le Chérif de Nioro, ne pourraient cependant pas l’ignorer. Mais iront-ils jusqu’à lui être soumis ? Il n’est pas sûr. Et la République ne s’en porterait que mieux.


  • Les opinions exprimées dans cet article ne sont pas forcément celles de Benbere

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