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Twittoscopie : quand le 5 avril 2019 défie le 26 mars 1991

Les Maliens ont répondu présents en très grand nombre à l’appel de l’Imam Mahmoud Dicko et du Chérif de Nioro, le 5 avril sur la Place de l’Indépendance, à Bamako. Une marée humaine, disent certains. Les manifestants ont débordé le lieu de rassemblement, au point de se confondre pour donner une impression de grosse boule noire qui manifestait à vive voix. Quand le 5 avril 2019 défie le 26 mars 1991

La censure des réseaux sociaux, devenue un rituel auquel sacrifient les autorités à chaque événement contestataire, a donné le point de départ de cette mobilisation, ouvrant la vanne de  l’indignation des uns et des autres.

Une nuée de manifestants

Le 5 avril, les gens sont venus de partout pour répondre à l’appel des deux leaders religieux, Mahmoud Dicko et le Chérif de Nioro. Certains sont venus de l’intérieur des régions. Du pont Fahd au jardin du cinquantenaire, on voyait des gens qui allaient et venaient aux environs de 13 heures. A partir de 14 heures, il n’y avait plus de place sur la Place de l’Indépendance. Les voies annexes ont, elles aussi, été occupées. Les toits des maisons, les engins, les arbres, les clôtures, tout était occupé.

Une panoplie de recommandations

Il y a eu plusieurs revendications : le départ du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, celui du président IBK (Ibrahim Boubacar Keïta) aussi. La réclamation également du départ de la France et la Minusma du territoire malien. Les exactions dans le centre du pays et l’école malienne n’ont pas été oubliées.

 

Aussi, est-il de bon ton de rappeler, cependant, que la marche n’a pas fait l’unanimité.

Quand le gaz lacrymogène et des dégâts s’en mêlent

Au cours de la manifestation, la tension est montée et les forces de l’ordre ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes. Certains manifestants ont donc fini par dévoiler leurs talents olympiques et ont détalé d’une manière spectaculaire. Plus tard, des dégâts matériels ont été constatés. De fait, des marcheurs indignés ont posé des barricades, brûlé des pneus en se livrant à un exercice de jet de pierre aux forces de l’ordre (là encore non sans une certaine dextérité sportive dans le geste).

Après la marche, le boulevard ressemblait à une véritable porcherie

Je me demande bien à quoi cela sert de revendiquer si on est incapable de faire preuve d’un peu de savoir-vivre. Il a fallu que des jeunes conscients s’adonnent au nettoyage du boulevard après la manifestation.

L’Imam Mahamoud Dicko a fait savoir que le rassemblement aura lieu tous les vendredis jusqu’à ce que le chef de l’État prenne en compte leurs doléances. Une marche comme on l’a rarement vu au Mali ! Un doyen parlait d’ailleurs d’une mobilisation qui aurait probablement dépassé celle des soulèvements populaires du 26 mars 1991. J’espère, en tout cas, que les manifestants prendront la peine de nettoyer le boulevard à chaque manifestation. C’est la moindre des choses pour prouver qu’on est soi-même exemplaire.

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