Avec son polar Meurtre sous le pont des indigents, Mohamed Diarra met la plume dans la plaie des crimes rituels qui endeuillent le Mali, surtout pendant les périodes électorales.
Ce n’est pas par hasard que Mohamed Diarra dédie Meurtre sous le pont des indigents (L’Harmattan, 2019) « à la mémoire de Ramata Diarra, albinos assassinée le 13 mai 2018 à Fana, au Mali, et à toutes les victimes des crimes rituels ». Ce roman policier, troisième volet sur les enquêtes du commissaire Cègèlen (homme à poigne) après Mystère du tournant et La fille adoptive du chérif, tente de démêler l’écheveau inextricable du mystère qui couvre la mort de Chata, « une folle sauvagement assassinée, la main droite sectionnée au poignet ».
Cette femme de 45 ans, mère de 2 enfants, avait été atteinte par la folie quand son mari, Elias, avait pris une seconde épouse. Ne pouvant pas supporter les railleries de sa coépouse et l’injustice de son mari qui ne cachait pas sa préférence pour sa seconde épouse, Chata avait quitté le domicile conjugal pour vivre avec les mendiants sous le « pont des indigents ».
Mais, alors que l’équipe du commissaire Cègèlen a du mal à mettre la main sur les auteurs du crime, on apprend l’assassinat d’une deuxième personne : un enfant de huit ans, qui s’est fait sectionner la main gauche. La ressemblance avec l’assassinat de Chata est frappante. Ainsi se posent les questions qui s’imposent dans ce genre de circonstances : s’agit-il d’un tueur en série ? Les deux crimes sont-ils liés ou non ? Par la force des circonstances, on saura que ces crimes impliquent des charlatans et des politiciens, qui cherchent des sacrifices à faire pour gagner les élections qui approchent.
Au-dessus de la loi
A la fin, une question se pose : les hommes politiques impliqués seront-ils punis pour ces crimes ? Cette question que l’inspecteur Marouf pose à son supérieur est celle que la société se pose vis-à-vis des hommes politiques, qui donnent souvent l’impression d’être au-dessus de la loi. Mohamed Diarra évite de donner une réponse à la question, comme s’il laissait le soin à chaque lecteur d’y répondre.
En lisant Meurtre sous le pont des indigents, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec L’affaire des coupeurs de têtes de Moussa Konaté, cette histoire passionnante où les coupeurs de têtes imposent la terreur à Kita. Avec Mystère du tournant (2015), La fille adoptive du chérif (2016) et Meurtre sous le pont des indigents (2019), nous pouvons dire que Mohamed Diarra est un digne héritier de Moussa Konaté, qui s’est imposé comme un classique du polar malien avec la saga romanesque du commissaire Habib, même si les deux écrivains ont des styles différents.
On se voit tout de suite dans ledit roman.
Bel article, qui donne envie de lire.
On se retrouve directement dans ledit romain.
Très bel article, qui donne envie de se payer le livre.