Le mois sacré de ramadan a débuté le vendredi 24 avril 2020. Pendant 29 ou 30 jours, nous retrouvons des habitudes, des styles vestimentaires qui sortent de l’ordinaire.
Hidjab, voile, foulard… Impossible de ne pas les remarquer partout dans la ville, dans les familles où tout ou presque devient « ramadanesque ». Sur les réseaux sociaux, des jeunes dames se mettent en « mode ramadan », charriant souvent des commentaires moqueurs ou virulents. Certains jugent que c’est une façon de respecter le caractère sacré du mois de ramadan, pendant que d’autres crient à l’hypocrisie.
Djénéba Traoré, étudiante, 20 ans, explique son choix de changer de style vestimentaire pour « respecter le mois béni et espérer ainsi un pardon de Dieu ». Pour elle, le mois de ramadan est un moment propice qu’il faut utiliser pour « demander pardon à Dieu » . Sa camarade Aïssata Coulibaly abonde dans le même sens : « J’ai déjà changé ma photo de profil sur Instagram par une sur laquelle je porte un foulard. Ma vie d’avant reprendra sa place avec le départ du mois sacré ».
Sur les réseaux sociaux, certains n’hésitent pas à fustiger cette attitude. « C’est ridicule ! Elles le font juste pour le paraitre, du ‘’M’as-tu-visme’’ ? », lance Diakaridia Traoré, actif sur les réseaux sociaux. La ruée vers les « styles vestimentaires du mois sacré » fait des heureux à l’image de Bourama Sissoko, vendeur de hidjab au marché des Halles de Bamako. « La demande augmente chaque année avec le mois de ramadan. Certaines achètent pour elles-mêmes, et d’autres pour leurs parents ». Mainouna Coulibaly, que nous avons croisée dans une boutique de vente, explique : « Il est important de se conformer à l’esprit du Ramadan, et aussi d’avoir un habit avec lequel on peut aller à la mosquée. C’est mon mari même qui m’a donné de l’argent ».
Un reflet de la société
Changer sa photo de profil en une photo où on porte un hidjab ou foulard est un phénomène qu’on constate chaque année sur les réseaux sociaux. Ce phénomène n’est en réalité que le reflet de ce que devient la société chaque année au mois de ramadan. Tout au long du mois, comme par magie, les mœurs s’adoucissent. On découvre une autre personne en monsieur Tout-le-monde. Tout d’un coup, nous sommes tous bons avec une âme charitable. Cette attitude est déplorée par Amadou Sakaliba, élève dans un lycée franco-arabe : « Le mois de ramadan est un moment d’abstinence, de rapprochement à Dieu. Son objectif principal est de changer l’être, pour qu’après le mois on ne retombe plus dans vos vices. Or, c’est bien l’inverse qui se produit. » « Chassez le naturel, il revient au galop », ajoute-t-il.
Celles qui ne changent pas de style vestimentaire sont parfois sujettes à des critiques virulentes. Certains hommes les accusent de vouloir les séduire, de réveiller en eux le désir et donc de « gâcher » leur jeûne. Cette attitude est déplorable. Il faut savoir que ce n’est pas tout le monde qui jeûne, et que nous ne sommes pas tous musulmans. Savoir respecter le choix de vie des autres est l’essence d’une vie commune paisible.
Le mois de ramadan est un moment de retrouvailles, d’abstinence et de solidarité. Il nous transforme profondément. Les comportements qui s’opèrent en nous pendant ces jours doivent nous accompagner toute l’année. Il ne sert évidemment à rien d’être bon juste un mois dans l’année.