Depuis le 25 mars 2020, le chef de file de l’opposition malienne, Soumaila Cissé, est porté disparu. Cent jours plus tard, aucune revendication, ni preuve de vie. La mobilisation s’intensifie pour sa libération.
« Depuis le 25 mars 2020, l’honorable Soumaila Cissé reste détenu par ses ravisseurs. Nous rappelons qu’à ce stade aucun groupe n’a revendiqué son rapt », rapporte le bihebdomadaire malien Le Challenger. « IBK a affirmé que son frère, l’honorable Soumaila Cissé, président de l’URD, est en vie et sera bientôt libre. Il dit même connaitre ses ravisseurs. Nous avons appris cette nouvelle avec beaucoup d’espoir. Mais cela fait à présent plus de 18 jours. Alors, le bientôt, c’est quand Monsieur le Président ?», s’exclame Abderrahamane Diarra, le président des jeunes de l’Union pour la république et la démocratie (URD) dans les colonnes du journal.
« Cent jours sans nouvelles », titre à la Une Nouvelle Libération. « Aucune revendication, aucune image, ni photo. Absolument rien ! Que des spéculations ! Et, de plus en plus, le sujet commence à être inquiétant surtout quand on sait qu’une commission a été mise en place pour la recherche de solution et qu’elle ne communique point, estime le bihebdomadaire. Ni elle ni le gouvernement qui l’a mise en place ne communiquent. Le silence du gouvernement, lui, est très inquiétant. La vie continue son cours normal sans Soumi et personne ne semble s’en émouvoir au sein des plus hautes autorités, à commencer par le président de la République », s’offusque le média malien.
« Ibrahim, où est ton frère ?»
Le bihebdomadaire, a rapporté en intégralité une lettre de la sœur benjamine de Soumaila Cissé, à la tonalité intime, adressée au président malien, il y a quelques jours. « Ibrahim, ton cadet Soumaila Cissé a disparu depuis 36 jours sans aucune nouvelle ni signe de vie. Depuis 36 jours, tes sœurs ne dorment plus, ne mangent plus, ne font que pleurer. Ta belle-sœur, tes neveux sont inconsolables. Tes petits enfants demandent des nouvelles de leur grand-père. Ibrahim, où est ton frère ? », questionne Djouldé Cissé, dans cette adresse intime.
« C’est peut-être la même katiba qui nous a enlevés qui a enlevé Soumaila Cissé, mais ce n’est pas la même markaz, le même groupe d’hommes. Nous avons eu affaire à des gens qui sont sur la rive gauche du fleuve Niger dans la zone de Attara et Soumaila a eu affaire avec des gens qui sont sur la rive droite. Peut-être qu’ils communiquent entre eux, mais ce n’est pas le même commandement immédiat », tente de répondre Nouvelle Libération, qui a recueilli le témoignage d’un élu de la région enlevé dans les mêmes circonstances.
« Soumaila Cissé sera de retour parmi nous »
Info-Matin, un quotidien malien, affiche également à sa Une : « Libération de Soumaila : 100 jours d’attente ». Le journal est revenu longuement sur le discours du président Keïta du 16 juin : « Je voudrais enfin, pour terminer, dire que nous ne pouvons ne pas évoquer le sort injuste réservé à mon frère, mon cadet Soumaila Cissé. Sachez qu’il est en vie. Nous avons cette preuve de vie. Des efforts sont en vue pour sa libération dans les plus brefs délais. Nous savons qui sont ses ravisseurs et des contacts sont établis. Inch’Allah, il sera de retour parmi nous. »
« Plus de deux semaines après, l’espoir suscité s’est mué en scepticisme voire en cauchemar. C’est que la parole donnée du Chef de l’État a été considérée comme une promesse ferme qui ne pouvait qu’être honorée. Surtout qu’Ibrahim Boubacar Keïta avait donné l’assurance seulement deux jours après son adresse à la nation du 14 juin, dans laquelle il n’avait pas encore mentionné l’infortune de son challenger pourtant au cœur des préoccupations nationales. L’annonce faite au CICB, dans l’imaginaire populaire, procédait en quelque sorte d’un rachat. Malheureusement, elle est perçue aujourd’hui comme une plaisanterie de mauvais goût. Les nerfs sont désormais à fleur de peau », retorque Le Combat, un autre quotidien bamakois.
Toujours pas de revendications
Cependant, la mobilisation s’amplifie au tour du rapt inédit. « Même s’il n’y a pas encore de revendications connues du public exprimées par ses ravisseurs, l’espoir reste intact pour sa libération. Vivement Soumi parmi nous !», renchérit l’Info-Matin.
« Plus que jamais, tout le monde doit être mobilisé et l’on doit rappeler, chaque jour, à tous et à chacun, que Soumaila Cissé reste otage quelque part dans le Sahara. Quel que soit le temps que cela prendra, innovons dans les activités de rappel, de mobilisation. Surtout privilégions l’union. Le sujet ne saurait être qu’une ‘’propriété’’ ou préoccupation de l’URD, mais une question nationale voire internationale. Tout le monde doit se sentir concerné », conclut Nouvelle Libération.
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