#StopPesticidesObsolètes : limiter les dangers dans les familles
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#StopPesticidesObsolètes : limiter les dangers dans les familles

Pour se protéger des insectes et autres bestioles, rares sont les familles maliennes à dormir sans une spirale fumigène anti-moustique, ou sans avoir pulvérisé une bombe aérosol. L’utilisation en quantité de ces produits toxiques n’est pas sans dangers. 

Les rats, les moustiques, les geckos, les cafards ou encore les souris sont des bestioles qui vivent avec les humains. Au Mali, l’insalubrité fait que ces animaux envahissent nos domiciles. Ils sont responsables de maladies parfois mortelles. Pour s’en débarrasser, au lieu de passer par la salubrité, la population a recours à des produits chimiques.  « Mes enfants et moi dormons chaque soir auprès d’une spirale fumigène anti-moustique », explique Fatoumata Diallo, ménagère à Sénou, un quartier de Bamako, vantant les mérites du produit. 

Le danger que peut représenter l’exposition à ces produits est son dernier souci. Tout comme Amadou Coulibaly, qui achète des produits similaires à 100 FCFA pour se débarrasser des rats et souris qui pullulent dans sa maison. « Je mélange juste avec des restes de repas. Ça tue les rats et les souris, et c’est très efficace », confie-t-il.

Des produits dangereux

« Les produits qui tuent les insectes, les rats tuent aussi les hommes. Seulement qu’il en faut plus de quantité pour l’homme que pour les rats et les insectes», explique Mamadou Camara, expert en gestion des pesticides. La fumée qui se dégage d’une spirale anti-moustique ou d’une bombe aérosol peut provoquer des problèmes respiratoires chez l’homme  et avoir des conséquences sur l’environnement, estime l’expert. 

Par ailleurs, l’emplacement de ces produits dans la maison pose problème : ils ne sont pas souvent mis hors de la vue et de la portée des enfants. « J’ai failli perdre mon enfant de cinq ans. Il avait consommé un produit raticide que j’ai mal placé », témoigne Dramane Traoré un mécanicien à Yirimadjo, quartier populaire de Bamako, sur la rive droite du fleuve Niger (Djoliba). L’enfant a souffert de diarrhée et de toux pendant un long moment avant de guérir.

Pour le président des revendeurs de pesticides au Mali, M. Nono Diarra, il ne faut jamais négliger la dangerosité de ces produits. « Il est important de s’assurer qu’un pesticide est autorisé par le Comité sahélien des pesticides avant son utilisation », affirme-t-il. « Chaque six mois, ce comité publie une liste des pesticides autorisés. Cette liste est publique et il faut s’assurer qu’un produit y est inscrit avant de l’acheter au marché. Aussi, chaque pesticide a un mode d’emploi qu’il faut lire et respecter les dosages prescrits. »

Passer par des alternatives

Un autre usage de ces produits au sein de nos ménages est à bannir, selon Ladji Coulibaly, revendeur : « Utiliser une bombe aérosol ou une spirale anti-moustique et utiliser en même temps du déodorant ou de l’encens pour ne pas sentir l’odeur revient à s’intoxiquer sans s’en rendre compte. Ne pas dissimuler l’odeur permet de savoir ce qu’on consomme réellement en termes de produit toxique. » 

Vivre dans un environnement sain est essentiel pour la santé. Aussi, pour se débarrasser des nuisibles dans nos familles, il est possible de passer par d’autres moyens moins coûteux en termes de risque pour notre santé. Pour Mamadou Camara, la nature est faite de façon à s’autoréguler. Il faut juste assainir son environnement et laisser la nature s’occuper du reste. « Les geckos vivent d’insectes ; le chat se nourrit de la souris et les toiles d’araignées attrapent les mouches et les moustiques », détaille-t-il.  L’expert ajoute que bien aérer sa maison la journée, et fermer les portes et la fenêtre juste avant le crépuscule est le meilleur moyen de lutter contre les moustiques. « L’utilisation d’un produit chimique ne doit pas être la règle, mais l’exception », conclut-il. 


Le Projet d’élimination et de prévention des pesticides obsolètes au Mali (PEPPO) avait pour objectif principal de débarrasser le pays des stocks de pesticides obsolètes et déchets apparentés inventoriés de façon respectueuse de l’environnement. Financé par la Banque mondiale, le PEPPO a été clôturé en fin janvier 2020.

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