Le non suivi de la grossesse est une réalité dans nos sociétés, alors qu’il peut être source de beaucoup de complications, écrit la blogueuse Rokiatou Diakaby.
Avoir un enfant, c’est le bonheur total. Mais, l’arrivée de ce bonheur ne devrait pas causer la perte d’une personne, c’est-à-dire de la mère. Chaque année, en Afrique, plus précisément au Mali, parmi un grand nombre de grossesses enregistrées ou pas, nous constatons de multiples complications lors des accouchements. Certaines entraînent la mort de l’enfant et/ou de la mère. Selon une enquête démographique de santé au Mali, plus de 2400 femmes meurent chaque année des complications de la grossesse et de l’accouchement.
Celles qui arrivent à s’en sortir en gardent des souvenirs très amers, comme c’est le cas de Diba, qui l’a échappé belle. Vivant à Boron, dans le cercle de Banamba, elle s’est mariée en 2014 et en est à sa troisième maternité. Elle dit n’avoir jamais fait le suivi de ses grossesses faute de moyens financiers, mais surtout à cause du long trajet qu’il fallait faire pour rallier l’hôpital. « Pour mes 2 premières maternités, j’ai eu des problèmes, mais ce n’était pas grave au point de nécessiter une opération. A la troisième maternité, j’ai été opéré. Une difficulté qui s’explique aussi par le petit écart qu’il y a eu entre la deuxième et la troisième. », explique-t-elle.
Interdiction de grossesse
C’est au septième mois de sa dernière grossesse qu’une nuit, ne tenant plus face à la douleur, elle a réveillé son mari. « Nous avons parcouru les concessions de toutes les vieilles du village, mais la douleur était toujours forte. C’est le lendemain qu’il a décidé de m’emmener en ville. Une fois sur place, le docteur nous a dit que l’enfant était mal placé et que j’avais peu de chance. Une césarienne a donc été l’ultime option quand je suis à terme », raconte-t-elle. Elle a subi une opération, qui a réussi, avec à la clé une interdiction de contracter une grossesse pendant cinq ans.
Si elle, Diba, a eu de la chance, beaucoup, en revanche, ne s’en sortent pas car les complications ne sont parfois pas faciles à soigner.
Les complications s’expliquent en gros par le non suivi des grossesses. En effet, beaucoup de femmes, surtout dans les milieux ruraux, n’ont pas accès aux soins. Ce manque d’assistance est parfois un choix, car elles préfèrent « se curer » avec les médicaments traditionnels. Certaines, bien que faisant confiance à la médecine moderne, sont dans des zones très reculées où, parfois, il y a un manque de personnels de santé et de soins. Le carnet et les visites prénatales sont pourtant à la portée de tous : 500 FCFA.
Nutrition
En plus de ce problème de déplacement, il y a un problème de nutrition qui fait que les mères n’ont pas de vitamine à cause du manque de repas non équilibrés. A ce propos, Madame Guindo, sage-femme dans un hôpital de Sabalibougou, quartier populaire de Bamako, ajoute qu’elles doivent bien manger : « Certaines femmes enceintes oublient qu’elles sont deux individus en quelques sorte. Elles doivent manger pour elles et aussi pour l’enfant ». Elle ajoute que les femmes enceintes doivent faire un effort pour éviter le paludisme. C’est pourquoi des campagnes pour leur offrir des moustiquaires et de la nivaquine sont en place. Une échographie chaque trimestre aussi est recommandée.
L’Etat doit continuer avec les sensibilisations et faire en sorte que même dans les endroits les plus reculés, il y ait des hôpitaux. Ainsi, les femmes dans les zones rurales n’auront pas à toujours se déplacer jusqu’en ville. Je suis certaine que beaucoup ont compris l’importance du suivi de la grossesse. Le problème se situe au niveau de la difficulté du déplacement.