Tombouctou subit gravement les conséquences du changement climatique. L’abondance ou le retard des pluies affecte sérieusement le secteur agricole et le commerce de céréales.
Les effets du changement climatique au Mali se font sentir sur les activités agricoles et pastorales occupant une bonne partie de la population active du pays. Ce dérèglement climatique a, au cours de l’hivernage 2022, occasionné des dégâts importants sur les champs rizicoles de la plaine de Day et Amadia, constituant les seules zones de culture saisonnière de la ville.
Les agriculteurs de la ville de Tombouctou ont assisté à un phénomène inédit, caractérisé par l’abondance des pluies alors qu’ils n’étaient qu’à la phase de repiquage de la semaille. Les eaux ont enseveli les cultures, détruisant du coup les canaux d’irrigation permettant la gestion de celle-ci.
Ces agriculteurs, n’étant pas habitués à une telle situation, ne peuvent déterminer les causes réelles de l’abondance de pluies. « Ça fait plus de 20 ans que l’on cultive du riz dans la plaine de Day, mais je n’avais jamais vu cette quantité de pluie. Mon champ était inondé d’eau et il m’était difficile de l’évacuer car les canaux sont gâtés. Il y a de l’eau partout dans ces conditions, je ne peux qu’attendre la baisse du niveau de celle-ci », témoigne Hameye Alhad, cultivateur à Day.
Déficit de données scientifiques
Cette abondance de pluie est pourtant associée au changement climatique par les agents de la direction régionale de l’agriculture de Tombouctou, gérant la plaine de Day dans une région habituée à recevoir des pluies ne dépassant pas 15 à 57 à mm. « Tombouctou a été frappée durant l’année agricole précédente par les conséquences des changements climatiques touchant plusieurs activités connexes de l’agriculture. Mais les riziculteurs sont les plus touchés, car leurs cultures sont couvertes par les eaux. Ce qui est catastrophique pour tous les habitants dont la nourriture de base est constituée de riz local », témoigne M. Cissé, agent d’agriculture.
A ce jour, le service de météorologie reste timide sur la détermination des causes de l’abondance des pluies dans la partie septentrionale du pays, mais l’hypothèse la plus probable lie ce phénomène aux effets du changement climatique. A cela, s’ajoute aussi le retard ou des pluies accompagnées de vents forts et chauds. Ce qui est nocif à la fois pour les cultures que les êtres vivants.
Les effets du changement climatique dans cette région provoquent un sérieux problème de sécurité alimentaire, car certains champs sont devenus incultes et abandonnés pour des années. Cela présage l’annonce d’un cycle de sécheresse catastrophique pour les paysans et les autres consommateurs. Ce qui entraine aussi un déséquilibre réel sur les principaux secteurs d’activité dépendant de l’agriculture, tels que le commerce et la circulation des céréales à travers tout le pays.
Zone vulnérable
Tombouctou étant une zone vulnérable aux changements climatiques, ses agriculteurs doivent s’adapter à ce phénomène par la recherche et l’utilisation de nouvelles techniques agricoles, telles que les semences améliorées à cycle court ; la pratique de zaï (technique de conservation locale de cultures), de cordon pierreux, de demi-lune, de brise de vent, etc. La réhabilitation des digues et le curage des caniveaux doivent se faire fréquemment.
Après la phase d’adaptation, ils doivent mettre en place des mesures d’atténuation qui peuvent passer par l’agriculture sous les serres par des systèmes solaires, parmi tant d’autres. L’implication de toute la population est souhaitée. L’État, à travers ses services techniques déconcentrés, a également un grand rôle à jouer à cet effet. Notamment dans la formation des agriculteurs locaux.
Les contributeurs :
- Abdoulaye Baba DARFA
- Rokia Doumbia
- Sanata Diarra
- Lamissa Diarra