
Au Mali, les intox circulent en un clin d’œil, semant doute et confusion. Images détournées, faux communiqués, vidéos trafiquées et rumeurs : quatre visages d’une même désinformation que nous passons au crible.
1. Les images et vidéos hors contexte
Ce type de fake news repose sur la réutilisation d’images ou de vidéos anciennes, souvent issues d’autres pays, mais présentées comme des scènes actuelles au Mali. Par exemple, une vidéo datant de 2021, prétendument filmée à Djenné, circulait récemment sur les réseaux sociaux, alors qu’elle avait en réalité été tournée au Burkina Faso. De même, une ancienne vidéo de l’imam Mahmoud Kouma, sortie de son contexte, a refait surface sur WhatsApp comme si elle datait de 2025, alors qu’elle avait déjà été largement diffusée auparavant.
Pour déjouer ce piège, il est important d’utiliser la recherche inversée Google Images ou l’outil InVID. Il faut aussi observer les détails : accents, uniformes, paysages. Une image peut être vraie, mais sortie de son contexte. Elle devient ainsi une désinformation.
2. Les faux communiqués attribués à des personnalités ou institutions
La désinformation passe souvent par de faux communiqués ou tweets attribués à des figures politiques ou à des institutions. En janvier 2024, un faux tweet attribué à Choguel Maïga a circulé en ligne, comme l’a révélé BenbereVerif. On observe aussi de nombreuses fausses annonces d’emplois, comme cette offre inventée au nom du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Ces contenus visent à manipuler ou à escroquer.
Pour s’en prémunir, il faut toujours vérifier l’authenticité des messages sur les sites ou pages officielles. Une capture d’écran sans lien ou sans source fiable doit toujours éveiller le doute.
3. Les deepfakes
L’intelligence artificielle permet aujourd’hui de produire des vidéos ou audios complètement faux. En 2024, une vidéo virale montrait Lil Wayne chantant les louanges d’Assimi Goïta. Une autre faisait croire que Brigitte Macron poussait Emmanuel Macron en bas d’un avion. Des milliers d’internautes y ont cru, certains commentant avec enthousiasme.
Pourtant, ces vidéos ont été générées par IA et ne reposaient sur aucun fait réel. Pour les repérer, il faut comparer avec des sources officielles, analyser les incohérences visuelles et utiliser des outils comme Deepware Scanner.
4. Les infox sur la santé
Les fausses informations en santé publique ont des conséquences graves. Au Mali, un audio WhatsApp prétendait que le vaccin anti-Covid rendait stérile. BenbereVerif a montré l’absence totale de preuve, mais l’impact était réel. En 2024, une vidéo manipulée accusait un vaccin d’avoir tué des enfants, ce que BenbereVerif a formellement démenti. Ces rumeurs sapent la confiance envers les soignants et freinent les campagnes vitales. Voix anonymes, images détournées, peur instillée : la désinformation sanitaire tue lentement. Seuls les faits protègent.
Ces quatre formes ne disent pas tout : sondages bidon, pseudo-experts et titres tapageurs pullulent aussi sur nos fils. À nous de questionner, recouper puis signaler chaque contenu douteux. Ce réflexe citoyen, simple mais puissant, freine la rumeur et nourrit un espace public où l’information fiable circule pour le bien de tous.