Le premier Prix Boukary Konaté, du nom du premier président de la Communauté des blogueurs du Mali (Doniblog), a été remis, jeudi 27 décembre 2018, aux trois lauréats parmi les sept participants figurant dans la liste de finalistes dégagée par la commission d’organisation. Nous publions l’article des trois lauréats. Alhousseyni Moussa Dicko s’est classé troisième avec son billet sur les manuscrits de Tombouctou.
Pour l’Occident, l’Afrique est un continent de l’oralité par excellence. Les manuscrits anciens de Tombouctou sont pourtant la preuve irréfutable de l’apport de l’Afrique à l’humanité dans tous les champs de la connaissance. Ces manuscrits constituent le patrimoine culturel physique des communautés, datant de la période impériale médiévale ouest-africaine, rédigés pour la grande majorité en arabe et dans les langues locales de Tombouctou à savoir le Sonhrai, le Fulfuldé et le Tamasheq.
Au-delà de leur aspect esthétique, qui impressionnent beaucoup de personnes, les manuscrits constituent une mine de savoir intarissable, d’où leur importance pour nous, hommes de culture, chercheurs, élèves, étudiants et journalistes. Beaucoup pensent que les manuscrits de Tombouctou ne contiennent que les sciences islamiques alors qu’ils embrassent tous les domaines tels que les mathématiques, les sciences, la philosophie, l’astronomie, le droit etc…
La science au service de la religion
Ces manuscrits prouvent que la religion et la vie intellectuelle étaient liées comme les deux faces d’une même pièce de monnaie. Nous savons, à travers eux, que nos ancêtres ont mis la science au service de la religion, « car c’est à travers elle qu’on pourrait voir la force du Créateur le Tout Puissant Allah », m’a expliqué un doyen.
Ces manuscrits sont une des sources attractives et touristiques de Tombouctou, après les mausolées des Saints. Hélas, depuis la crise multiforme de 2012 que notre pays traverse, la région ne reçoit plus de touristes. Le recul de cette activité est un véritable handicap pour l’économie régionale et nationale, car plusieurs acteurs sont touchés, en l’occurrence l’hôtelier, les tour-opérateurs, les guides, les bibliothèques privées et les musées de Tombouctou.
Une richesse à découvrir par tout le monde
Les manuscrits de Tombouctou, puisque ce sont d’eux dont nous parlons, représentent pourtant une richesse qui doit faire l’objet de découverte par tout le monde. L’Etat malien et les représentants de la ville de Tombouctou doivent donc les préserver comme ils continuent de le faire : il s’agit d’un symbole très important pour l’aspect culturel de la nation. Tout comme l’illustrent les propos de l’ancienne directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova: « Protéger la culture, c’est soutenir les peuples, leur donner la force de se reconstruire, de regarder vers l’avenir ».
En plus de la préservation, nos autorités doivent relancer la communication autour des manuscrits, revitaliser le circuit du chemin de l’encre, valoriser les métiers du livre ainsi que la calligraphie et les arts décoratifs. Le tourisme solidaire et national d’abord est une aubaine pour matérialiser ce souhait et donner envie aux internationaux de venir. Le gouvernement pourrait, pourquoi pas, organiser un festival autour des manuscrits à Tombouctou, pour le plus grand bonheur de tout le Mali.