Le 30 octobre, le ministère malien de la Culture a décidé d’inscrire le site historique de Dakana dans l’inventaire national du patrimoine cultutrel. Un exemple à suivre, selon Alhoudourou Maïga, analyste en stratégie internationale et journaliste à RFI.
Dakana est un terroir partagé par plusieurs communautés vivant en symbiose. Il y a cinq cents ans, cette harmonie et ce vivre-ensemble au-delà des différences furent forgés par d’humbles hommes et femmes liés par le sang et la terre. Cinq cent ans après, ce terroir bâti autour de l’eau (le fleuve Niger) et une variété d’arbres rares, autour des champs collectivement partagés, est enfin reconnu comme un site historique, un patrimoine culturel national au Mali.
Le ministère la Culture l’a inscrit, le 30 octobre, dans l’inventaire national du patrimoine culturel comme site historique. Ce foyer de partage et de liens sociaux tissés au fil du temps émerge presque de ses cendres. Pendant plusieurs années, il fut presque abandonné. On en parlait peu. Les jeunes générations ne le connaissent que de nom. C’est bien extraordinaire aujourd’hui que les projecteurs soient tournés vers cette île, qui a fondé en son sein diversité, culture, philosophie de vie et engendré une vision et des traditions.
Famines et épidémies
Valoriser Dakana, c’est faire prendre conscience de l’importance d’un terroir historique bâti sur des valeurs de vivre-ensemble et de cohésion sociale. Ce qui fait sa particularité, ce sont ses leçons de vie, sa trajectoire. Il est décrit dans la tradition orale locale comme un havre de paix où des individus se sont partagés des champs, les récoltes. Le partage et l’égalité entre les hommes constituaient le socle de la cohésion sociale à Dakana, quelques siècles après la destruction de l’empire Sonrhay, dans une région auparavant florissante, minée par les famines et ravagée par les épidémies.
Dakana est une île située à Bourem (région de Gao, nord du Mali) et fondée par Moustapha Abdourhamane, un descendant lointain de l’empereur Askia Mohamed, qui a régné à l’Est de la boucle du Niger. Il s’est installé à l’époque du chef touareg « Kawa », avec lequel il a eu un pacte d’entente et qui permet d’assurer la sécurité des peuples installés autour de cette île. Pour ses valeurs de partage et ses traditions de dialogue social, Dakana était une cité épargnée et même protégée des razzias en l’occurrence par les Oullimiden qui venaient y échanger leur bétail et du sel avec les produits de culture locale. Perpétuant ainsi une vieille tradition commerciale et créant un climat social favorable au développement économique.
Le nom Dakana est venu du fait que ceux qui se réclament de lui s’aiment et aiment partager avec l’autre, l’inconnu, l’étranger. D’une hospitalité légendaire, des villages entiers (Monzonga, Tondibi, Ha, ou encore Wani ou Dangha, pour ne citer qu’eux), se situant essentiellement dans les cercles de Bourem, de Diré, de Goundam, de Tombouctou se réclament de Dakana. De quoi reconstruire la cohabitation sociale au Mali, retisser les liens sociaux, un patrimoine à protéger et un exemple à suivre pour refonder la nation malienne.
DAKana kalAni
Vraiment l’article est intéressant car instructif. Je ne connaissais rien de Dakana, n’ayant jamais entendu ce nom. Mais cet article m’a informé de l’histoire de cette localité….