Pour sauver le patrimoine culturel matériel et immatériel de l’Afrique, un musée initiatique est en voie de naître. Avec ce musée, l’objectif est clair : permette à tout le monde de pouvoir avoir accès aux bois sacrés via le numérique.
L’Afrique est riche de sa culture, entend-on souvent. Il est important de noter que cette richesse africaine reste mal connue, en raison du fait que le savoir en Afrique n’est pas à la portée de tout le monde. Pour accéder aux enseignements, aux rites, à la spiritualité, il faut être initié selon les règles de la communauté dont on est originaire.
La révolution technologique a tout chamboulé. La richesse culturelle africaine, qui accorde toujours une place importante au secret, est de plus en plus fragilisée. On n’en parle presque plus et de moins en moins de personnes s’y intéressent.
« C’est dans le souci de sauver le patrimoine culturel africain qui, de plus en plus, est en danger que l’idée du musée initiatique a vu le jour », explique le professeur Fodé Moussa Sidibé, lors de la conférence de presse, fin novembre 2020, à la Maison des solutions, sise à Baco-djicoroni Golf, dans le cadre du novembre numérique de l’Institut français du Mali.
L’initiative, portée par l’association Culture en partage, permettra de découvrir cette richesse encore mal connue. « Le musée abritera des objets culturels à la fois antiques et vivants, leurs chuchotements, leurs proférations, leurs lieux secrets, leurs manifestations souvent spectaculaires seront ressenties même par les non-initiés », souligne Alladji Ismail Sy, artiste comédien et administrateur général de Culture en partage.
« Technologie nouvelle et captivante »
Tout se passe dans un casque numérique. Le musée initiatique repose sur une technologie nouvelle et captivante : la réalité 3D dans l’univers qui a été filmé. On a le sentiment d’y être. Sans sacrilège, on peut entrer en communion avec les chants, les mots, les rites, les objets qui permettent la transmission des valeurs et des savoirs portés par les sociétés initiatiques.
Cinq confréries constitueront la collection du musée initiatique pour commencer. Il s’agit de la confrérie des Donsow(« Chasseurs »), qui existe depuis des siècles au Manden, la société initiatique bamanan et maninka qu’est le Komo, le Mbok qui est une institution centrale de l’organisation sociale en pays Bassa (Cameroun), le célèbre Vodὺn du Benin et la grande confrérie initiatique encore active au Mali, appelé le Korè.
Un musée mobile
La particularité de ce musée est qu’il peut simultanément être disponible aux quatre coins du monde. « Il suffit d’un casque de visionnage adapté et aussi d’un lieu de consultation fixe et identifié », a déclaré Luke Tamou Koné, directeur de We’re solution, une startup informatique basée à Bamako qui développe le projet.
D’ores et déjà, deux lieux de consultation ont été identifiés et seront bientôt mis en place à Bamako. Il s’agit de la Maison des solutions de Baco-djicoroni Golf, qui abrite le réseau Culture en partage et le Cercle culturel germano-malien à Magnanbougou-Faso Kanu, en commune VI du district de Bamako.
Selon les initiateurs du projet, les modules peuvent être mis à la disposition de n’importe quel centre de documentation (médiathèque, bibliothèque scolaire et universitaire, musée, organisme spécialisé, etc.). Avec ce musée, l’objectif est clair : permette à tout le monde de pouvoir avoir accès aux bois sacrés via le numérique.
Très intéressant cette initiative