Jeune mariée et panne du bus : ces traditions qui ont la vie dure
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Jeune mariée et panne du bus : ces traditions qui ont la vie dure

L’Afrique est un continent de tradition et le Mali ne fait l’exception à ces dernières. Elles y sont pratiquées et respectées un peu partout au point où elles sont devenues des lois pour d’autres.

Le respect des traditions est un des principes de vie du Malien. Vous avez certainement entendu dire que l’étranger ne peut accéder à telle ou telle localité la nuit, qu’on ne doit pas aller au marigot dans un tel village etc. Voilà certaines des traditions africaines ou maliennes que tout le monde doit obligatoirement respecter au risque, souvent, de s’attirer des malheurs ou, au pire, de perdre la vie.

À la gare de Mopti, un jour, j’ai assisté à une scène peu habituelle à mes yeux. Une jeune dame, bien tressée, se fait verser de l’eau sur tête. Nous sommes en train d’embarquer à bord d’un bus pour Bamako. Étonné, j’interroge et on me fait savoir qu’il s’agit d’une nouvelle mariée : « C’est une nouvelle mariée, elle se rend chez son mari. La tradition veut qu’on lui verse de l’eau sur la tête pour conjurer le niama (mauvais sort) pour le bus. Sinon, on risque d’avoir beaucoup de problèmes en route », explique Amadou Kansaye, convoyeur du bus.

Conjurer le mauvais sort

En effet, on m’explique par la suite qu’il faut lui verser de l’eau sur la tête ou mettre une calebasse prise parmi ses ustensiles sous le bus qui doit l’écraser : « C’est une règle chez les chauffeurs, même si ce n’est pas un voyage, une louche ou une calebasse doit être brisée afin d’éviter tout problème », confirme Maouloun Arby chauffeur sur le trajet Tombouctou – Gao.

Seulement, le niama qui suivait notre jeune marié, ce jour-là, était puissant. Avant de parcourir 100 km, nous sommes tombés deux fois en panne et avons failli changer de bus. Heureusement, une vieille femme qui était là est intervenue : « La tradition n’est pas un jeu, mais les enfants d’aujourd’hui n’y voient rien. Vous avez certes versé de l’eau sur la tête de la nouvelle mariée, mais vous ne l’avez pas fait comme il le faut, a-t-elle fait remarquer avant de poursuivre. Nos aïeux utilisaient la calebasse pour lui verser l’eau sur la tête avant de l’écraser mais vous, vous avez utilisé un bidon d’eau minérale pour le faire. Ceci vient d’ailleurs. »

Des traditions connues et persistantes

Elles sont nombreuses ces traditions qui résistent à l’usure du temps et à l’épreuve de la modernité. Chez les Sonrhaïs et les Tamasheqs, la femme accouche toujours de son premier enfant chez sa maman et elle passe au moins 40 jours avant de retourner chez son mari ou dans sa belle famille.

L’enfant mâle (nourrisson) n’est jamais laissé seul, de peur que les djinns ne le changent. « On a vu bon nombre d’enfants devenir malades ou se transformer après que leurs mamans soient allées aux besoins. C’est pourquoi vous trouverez toujours un petit couteau avec la nouvelle mère ou sous la tête du nouveau né. Les djinns ont peur du fer », confie Bolo Maïga, sexagénaire et grand-mère.

Avant d’embarquer du miel dans leur véhicule, les transporteurs enduisent les pneus de miel pour conjurer le mauvais sort. Lorsqu’il faut déménager dans une nouvelle maison, il est recommandé de le faire la nuit du dimanche au lundi. Avant de le faire, la coutume veut qu’il y ait lecture du Coran et qu’on immole un animal afin d’éloigner le mauvais sort.

L’Afrique est versée dans les traditions qui font d’elles un continent respecté et craint. Mais, aujourd’hui, ces dernières sont de plus en plus délaissées par la jeune génération. Cet abandon n’est très souvent pas sans conséquences, alors que l’on peut toujours lier tradition et modernité et mieux en tirer profit.

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