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Andal : une session d’échange sur la désinformation entre acteurs des médias
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Des blogueurs, journalistes et universitaires ont pris part à une séance d’échange sur les meilleures stratégies à adopter pour contrer les fausses informations.

Depuis 2012, le Mali est plongé dans une « crise » qui affecte tous les secteurs d’activités, y compris les professionnels des médias. La désinformation et la prolifération des fausses informations ne cessent de saper la confiance envers les médias locaux et étrangers.

Fort de ce constat, Benbere, en collaboration avec International Media Support (IMS), a initié le projet Andal (« connaissance » en fulfulde), qui a pour objectif de renforcer la résilience des journalistes et blogueurs face au phénomène de la désinformation, promouvoir le professionnalisme et explorer des modèles économiques durables. Des blogueurs, journalistes et universitaires ont pris part à une première session, qui s’est tenue dans les locaux de la plateforme, le 30 juin 2024. 

Défis multiples

Au Mali, les fausses informations prennent souvent la forme de photos et vidéos sorties de leur contexte et/ou manipulées, de pièges à clics ou d’hameçonnage pour voler les données personnelles ou de fausses Une de certains journaux qui sont modifiées grâce à des logiciels. Des déclarations sont souvent fabriquées et faussement attribuées à des personnalités publiques, notamment sur X.

Ces fausses informations sont diffusées par divers acteurs, comme l’a expliqué Yacouba Dramé, blogueur basé à Mopti. Il s’agit des hommes politiques, des activistes, mais aussi des groupements d’intérêt économique. Motivés par la course aux scoops, certains journalistes relayent aussi des informations non vérifiées.

Le premier défi est l’encadrement juridique des fact-checkers, souligne Abdoulaye Guindo, coordinateur national de Benbere. « Dans certains pays, ils sont considérés comme chercheurs, et dans d’autres journalistes. Il faut que l’encadrement juridique soit clair pour les protéger », dit-il.

Toutefois, M. Guindo fait savoir que l’initiative de réunir les fact-checkeurs en association est en cours et qu’un projet de statut et de règlement intérieur a déjà été rédigé par ses soins. Il rappelle aussi que Benbere collabore avec d’autres plateformes de fact-checking dans la sous-région, ce qui aide dans le processus de vérification de l’information.

Un autre défi majeur est celui du financement et du modèle économique. En effet, les financements extérieurs posent un problème d’indépendance. De plus, aucune structure malienne ne dispose de la certification de l’International Fact-Checking Network (IFCN), le réseau international de vérification des faits. Enfin, la faible participation des femmes dans le fact-checking pose un problème de représentativité.

Éducation aux médias

Boubacar Sidibé, directeur de publication de la WebTV d’information générale Mali Buzz, souligne que l’intelligence artificielle ne met pas en péril le journalisme, comme certains le pensent, mais ouvre au contraire une fenêtre d’opportunité pour améliorer le travail des journalistes et des enquêteurs. Selon lui, cette technologie peut faciliter la production rapide d’informations fiables, abondantes et variées, rendant ainsi les fausses informations moins visibles.

Sidibé ajoute que l’éducation est le problème principal au Mali, et que l’ignorance est le terrain fertile pour la propagation des fausses informations. Quant à Judé Sogoba, membre de la Communauté des blogueurs du Mali (Doniblog), il suggère d’intensifier l’éducation aux médias et l’usage d’outils de vérification pour que les journalistes puissent mieux contrer la désinformation. Dr Oumar Koné, enseignant-chercheur, estime que ce sont les « videomen » qui créent le plus de fausses informations et invite donc les journalistes à « occuper le terrain ».

A la fin de la rencontre, les participants ont suggéré plusieurs mesures : une vérification rigoureuse des sources, l’intensification de la collaboration entre médias, l’éducation aux médias, l’utilisation des nouvelles technologies pour lutter contre la désinformation et le pre-bunking, une stratégie préventive qui permet de réfuter de futures potentielles fausses informations.

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